Voilà longtemps que les enseignants d’anglais adventistes défendent le genre littéraire de la fiction. Cela en réponse aux défis présentés par des étudiants, des parents, et des membres d’église qui disent qu’Ellen G. White a condamné la lecture des livres de fiction1. Des spécialistes de l’anglais adventistes ont écrit de nombreuses pages faisant valoir que les commentaires d’Ellen White sur la fiction ont été mal compris – ils ont aussi écrit beaucoup de pages présentant les avantages de la fiction. Pour ma part j’aimerais présenter une autre perspective. Mon but n’est pas de plaider pour ou contre la fiction parce que de nombreux spécialistes et universitaires de l’anglais adventistes ont déjà partagé des arguments similaires (voir encadré 1). Non, j’aimerais plutôt, en tant qu’adventiste consciencieuse qui place encore sa confiance dans les écrits d’Ellen White, faire plusieurs choses : Premièrement, j’aimerais revenir sur quelques commentaires qui, par le passé, ont troublé ma jeune personne, voir quelle sagesse je peux en tirer aujourd’hui, et inciter tous les adventistes, mais particulièrement les enseignants d’anglais adventistes, de choisir avec soin la littérature – que ce soit de la fiction ou non. Deuxièmement, en tant que professeur de rédaction qui enseigne principalement des cours de littérature d'enseignement général – j’enseigne essentiellement la littérature à des diplômés non anglophones – je veux présenter un genre de littérature non fictive que j’ai trouvé être mon meilleur outil pour créer des cours qui peuvent bénéficier au plus grand nombre d’étudiants : le récit de vie.

Le récit de vie est un terme général qui englobe l’autobiographie, la biographie, les mémoires, les journaux intimes, les lettres, et tout écrit non fictif sur la vie d’un individu. Dans cet article, je me réfère aux variétés plus littéraires et axées sur le public du récit de vie, telles que les autobiographies et les mémoires. Ces genres en eux-mêmes ne sont pas nouveaux, mais le terme « récit de vie » attire une nouvelle attention universitaire car il permet aux enseignants d’inclure des écrivains de tous les horizons dans un canon en perpétuelle évolution2. Pour les professeurs d’anglais et les universitaires, une approche du genre « récit » de vie ouvre des portes à des textes de nombreux écrivains inconnus et non étudiés, dont des femmes, des gens de couleur et des auteurs religieux et non religieux à travers l’histoire. Voilà une exaltante possibilité pour les spécialistes de l’anglais qui cherchent de nouvelles façons de « faire » de la littérature (voir encadré 2).

Pour les spécialistes adventistes de l’anglais, un avantage supplémentaire du récit de vie est qu’il offre une mine d’or de littérature précédemment non canonique, pour une bonne partie écrite avec une beauté littéraire mais également compatible avec les commentaires d’Ellen White sur la littérature, des commentaires qui, à un moment ou un autre, ne manqueront pas d'interpeller les professeurs de littérature dans nos écoles adventistes. Pour ma part, j’ai rencontré de tels défis bien plus tôt dans ma carrière d’enseignant. Pour faire valoir mon point de vue, j’en inclurai quelques-uns dans cet article.

Une jeune étudiante en anglais confrontée à Ellen White

C’est vers mes 20 ans que mes pensées sur la littérature se sont troublées quand ma mère m’a envoyé, jeune étudiante universitaire en anglais, Le ministère de la guérison d’Ellen White. Quand j’ai lu les chapitres sur la littérature que ma mère avait mis en signet, j’ai rapidement été bouleversée.

Quelles étaient les remarques de Ellen White qui m’ont perturbée ? En quelques mots, elle disait que la littérature écrite par des « auteurs infidèles » (ou non chrétiens) ne devrait avoir aucune place dans la véritable éducation3. Parlant des tragédies grecques et autres classiques, elle écrivait que ce genre d’éducation, exigeant de passer du temps à étudier les langues mortes, négligeait la préparation pour les « devoirs pratiques de la vie » tels que les devoirs de la parentalité et l’importance de devenir des exemples chrétiens dans les sphères familiales et publiques4. Parlant de la fiction en général, et plus particulièrement des romans à l’eau de rose ou des « histoires frivoles et excitantes », Ellen White écrivait que de telles lectures, « encourageaient l’habitude d’une lecture rapide et superficielle juste pour connaître l’histoire » ; « produisaient un dégoût des devoirs pratiques de la vie » ; et enfin, « détruisaient tout intérêt pour la Bible » qui, pour le chrétien, devrait être le texte d’étude par excellence5.

Finalement, Ellen White ciblait les mythes et les contes de fées disant que les idées présentées dans ces écrits « transmettent de fausses idées sur la vie et produisent et nourrissent un désir pour l’irréel » et « ainsi [détournent] l’esprit des personnes âgées et des jeunes de la grande œuvre qu’est la construction du caractère » et « les empêchent d’obtenir une connaissance des vérités [bibliques] qui seraient leur sauvegarde »6. Une lecture attentive de ces commentaires révèle que Ellen White n’a pas déclaré que la fiction en soi était mauvaise. Sa plus grande critique d’une certaine littérature est qu’elle distrait les chrétiens de ce qu’ils devraient plutôt faire.

Dans mon université adventiste, ces questions n’étaient pas souvent soulevées en classe, ainsi, des années plus tard, j'en ai tenu compte lors de l'obtention de ma maîtrise et de mon doctorat écrivant sur ce sujet un travail de réflexion puis un chapitre de dissertation qui essayait de déterminer ma position sur les chrétiens adventistes et la littérature.

Quelques réponses à la question de la fiction

Au cours de mes recherches pour ma maîtrise, j’ai découvert qu’Ellen White n’était pas le seul écrivain religieux à critiquer la littérature et que les adventistes du septième jour n’étaient pas la seule Église à débattre de cette question. En étudiant le sujet « les chrétiens et la littérature », j’ai découvert beaucoup d’études universitaires par d’autres chrétiens7. Un argument courant que j’ai trouvé chez ces universitaires était que la fiction est utile parce qu’elle permet de comprendre les points de vue des autres que, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à aider8. Un autre argument maintient que la fiction nous permet d’affronter des scénarios difficiles et d’y réfléchir dans un environnement sûr9. Un autre argument encore soutient que la fiction nous permet de développer des compétences en matière de pensée critique, dont celle de comparer une vision du monde chrétienne avec d’autres visions du monde10. En d’autres mots, ces universitaires font valoir avec force que certaines formes de fiction ont leur place dans les cours de littérature et y apportent une valeur ajoutée11.

Je suis tout à fait d’accord que la fiction apporte une valeur ajoutée aux cours d’anglais et à la vie en invitant les lecteurs à confronter des idées, des expériences, des gens et des situations qui n’existent pas dans la vie de tous les jours. Je ne suis pas une grande voyageuse mais une bonne lectrice et mes lectures m’ont permis d’avoir une expérience assez vaste du monde. Cependant, en tant qu’adulte et professionnelle d’anglais adventiste, même si je suis d’accord avec ces arguments, je continue à me débattre avec quel genre de littérature enseigner dans mes cours12.

Je réalise que les spécialistes de l’anglais ne seront jamais complètement d’accord sur la littérature à enseigner dans nos classes. Cependant, pour les professeurs qui confessent le christianisme adventiste, nous devons, pour maintenir notre propre intégrité, tendre sérieusement l’oreille aux commentaires d’Ellen White ainsi qu’aux injonctions bibliques de remplir nos esprits de tout ce qui est aimable, pur et vrai (Philippiens 4.8). Nous devrions aussi vérifier régulièrement les lignes directrices pour le choix de la littérature données par l’Église adventiste (voir encadré 3)13.

Mes lectures

J’ai développé l’amour de la lecture en lisant de la fiction. Certains de mes meilleurs souvenirs d’enfance sont d’avoir lu des « histoires excitantes » que, pour quelques-unes, j’en suis sûre, Ellen White aurait condamné. Mes parents étaient nouvellement adventistes essayant encore de comprendre les rouages d’un foyer adventiste. Il est dur de vivre comme vous n’avez jamais vécu auparavant. Tout comme d’enseigner autrement que vous l’avez été. Ainsi, j’ai hérité d’une maison pleine des livres, de la musique, des films, des sports et des médias avec lesquels mes parents avaient grandi. Bien sûr, j’ai continué à raffoler de la fiction. De bonnes choses arrivaient dans la fiction que je lisais. De mauvaises choses arrivaient dans la vraie vie. Donc, je me suis engourdie pendant mon adolescence avec de la fiction. Au collège, j’avais mis fin à une dépression majeure et à des tendances suicidaires avec des semestres de 18 crédits et des semaines de travail de 30 heures qui m'abrutissaient l'esprit. Au moment où j'ai commencé à enseigner l'anglais au niveau secondaire, j’ai réalisé que je ne pouvais plus me cacher dans la fiction. Il fallait que je regarde en face quelques sérieuses réalités. Je suis tombée à genoux après une première année d’enseignement exténuante, et j’ai supplié Dieu de me donner un esprit nouveau car mon esprit était littéralement tourné vers l’autodestruction.

De nouvelles habitudes de lectures renouvelantes

Alors que je plaidais que Dieu me change, il m’a répondu que j’avais besoin de changer certaines choses. Comme je me battais contre des pensées autodestructrices, je devais changer mes habitudes de lecture et, en fait, mes habitudes médiatiques en général. Ainsi, j’ai éliminé la musique, les films et les livres mais aussi quelques anthologies littéraires qui dataient de mon baccalauréat. Je me suis tournée vers la Bible, et, providentiellement, je me suis aussi tournée vers des histoires vraies. Pour être plus précise, j’ai recherché des autobiographies et des mémoires de personnes (certaines chrétiennes et d’autres non) qui avaient connu des temps difficiles et qui les avaient surmontés, ou qui avaient grandi pour faire de grandes choses en dépit d’une enfance traumatique. À l’époque, je n’en connaissais pas le nom technique, mais j’étais en train de découvrir la puissance du récit de vie. Dans mon cas, lire les histoires vraies de personnes réelles qui avaient surmonté la dépression, le désespoir et même la mort, ainsi que des histoires d’adolescence dans lesquelles le protagoniste trouve sa raison de vivre était devenu pour moi une ligne de vie vers l’espoir. J’ai commencé à imaginer que cela pouvait être possible pour moi.

Bien sûr, cela a été un processus d’essais et d’erreurs pendant quelques années. Ce n’est pas parce qu’une histoire est vraie qu’elle est nécessairement édifiante. Beaucoup de livres de non-fiction se terminent sur le désespoir, glorifient le mal, ou, pour beaucoup d’autres raisons, n’ont pas à se trouver sur les étagères de bibliothèque des chrétiens. Malheureusement, dans ma recherche de réponses, j’ai aussi lu quelques livres de non-fiction de ce genre. J’ai donc continué à chercher.

J’ai commencé à chercher des histoires vraies écrites par des chrétiens. J’en ai trouvé quelques-unes mais pas autant que j’aurais aimé14. J’ai donc publié mes propres histoires15. C’est alors que j’ai décidé que le but principal des enseignants d’anglais chrétiens devrait être de préparer leurs élèves à écrire leurs propres histoires et leurs témoignages et ceux des autres. Le monde a besoin de ces histoires ! C’est là que la lecture et l’écriture forment une boucle. La Bible dit que nous sommes transfigurés par ce que nous contemplons (2 Corinthiens 3.18). Je le dis : par la lecture et par l’écriture nous sommes changés. En tant qu’enseignants d’anglais, nous devrions soigneusement prendre en compte la littérature que nous enseignons, que ce soit de la fiction et de la non-fiction, sachant que cela influencera l’esprit et le caractère de nos étudiants. Également, nous devrions concevoir nos travaux d’écriture avec soin. Qui sait ? Nous pourrions influencer les générations de lecteurs à venir. Heureusement pour moi et mes méthodes expérimentales d’enseignement, le domaine de l’anglais est actuellement en train de changer pour permettre de nombreuses nouvelles approches comme l’inclusion de l’écrit de vie dans les cours de littérature et de composition.

Tendances récentes dans les départements d’anglais

Le département d’anglais au niveau universitaire est particulier parce qu’il n’existe pas d’études définies pour chaque genre littéraire. Ayant récemment obtenu mon doctorat en anglais, je sais que ce qui est enseigné dépend beaucoup des tendances dans ces domaines et des préférences de l’instructeur. Une tendance actuelle est que la littérature occidentale est éliminée et que la diversité est à la mode. Le canon traditionnel qui comporte majoritairement de la fiction – romans, nouvelles, pièces de théâtre – n’est plus le géant qu’il a déjà été car ces genres ont été historiquement dominés par des hommes blancs d’Europe ou d’Amérique du Nord, ou encore des hommes privilégiés ayant une éducation, un statut social et de l’argent. Maintenant, le souci premier de nombreux professeurs d’anglais et des spécialistes de la littérature est la diversité, la représentation et l’inclusion. Ils ont ouvert le canon aux genres ordinaires et non fictionnels, les genres historiquement à la disposition des femmes et des gens de couleur. Cela inclut non seulement les genres plus littéraires de l’autobiographie et des mémoires mais aussi les genres moins étudiés, et habituellement non littéraires, des journaux intimes, des lettres et autres documents personnels16. Comme je l’ai rapidement découvert dans des cours de troisième cycle comme la Littérature amérindienne ancienne, la Littérature évangélique afro-américaine ancienne, la Littérature moderne ancienne (un cours dans lequel nous avons étudié des livres de recettes écrits par des femmes), l’écrit de vie peut être, et a été, écrit par n'importe qui, peu importe sa race, son rang social ou son niveau d’éducation17. J’ai aussi trouvé que l’écrit de vie religieux se retrouve dans à peu près n’importe quelle période littéraire que l’on étudie ou enseigne.

Mes professeurs d’études supérieures enseignaient donc des textes de récits de vie, ainsi que des autobiographies spirituelles, afin d’inclure des auteurs appartenant aux minorités18. Ils n’enseignaient pas ces textes pour inspirer la foi à leurs étudiants. Cependant, en tant que professionnelle chrétienne d’anglais cherchant des textes qui pourraient soutenir la foi de mes étudiants, et fortifier la mienne, j’ai été inspirée. Avec cette nouvelle vision de l’écrit de vie qui s’est ouverte à moi, j’ai pu compiler de longues listes de textes qui étaient à la fois « excitants » dans le domaine de l’anglais et compatibles avec une vision du monde chrétienne.

Une idée pédagogique : ce que fait mon université adventiste

À l’université adventiste Southwestern, à Keene, Texas, nous avons décidé d’ouvrir ce sujet à la recherche de nos étudiants par le biais d'un nouveau cours intitulé « Les chrétiens et la littérature ». (Veuillez prendre connaissance d’un échantillon de plan de cours ici). Dans ce cours, que j’enseigne pour la première fois, les étudiants liront ce qu’Ellen White, des spécialistes littéraires adventistes, et des spécialistes d’autres confessions disent sur ce sujet ; ils devront aussi articuler
(« discuter et défendre ») leur propre philosophie de lecture, écriture, et/ou d’enseignement de la littérature dans des discussions hebdomadaires en classe et un mémoire de fin d’études de dix pages (voir le supplément).

Mon but en tant qu’enseignante de ce cours est de donner aux étudiants du temps afin de répondre à certaines questions difficiles, questions auxquelles j’ai pu répondre pendant mes études de maîtrise et de doctorat. Contrairement aux cours de littérature et travaux littéraires typiques qui ont déjà décidé quelles lectures les étudiants auront à faire, ce nouveau cours demande aux étudiants d’aller méta (au-dessus, au-delà, transcender), soit de penser à ce que nous devrions vraiment lire en premier lieu. Le cours est conçu pour que mes étudiants examinent les options, la fiction et la non-fiction incluses ; qu’ils réfléchissent aux principes pour choisir la littérature ; et qu’ils soutiennent leur choix, quel qu’il soit, avec un essai sur le modèle de celui-ci, essai qui combine la recherche avec l’expérience personnelle afin d’expliquer pourquoi une forme particulière de littérature a de la valeur pour eux, et éventuellement en aura pour leurs futurs étudiants. Pour mes étudiants qui sont chrétiens, je leur demande aussi de parler de la façon dont ils vont utiliser leur connaissance de la littérature pour servir Dieu et les autres tout au long de leur vie.

Conclusion : le récit de vie comme une alternative à la fiction

Une des principales questions qui a conduit ma recherche vers ce sujet a étét : quelle littérature sera la plus bénéfique pour le plus grand nombre d’étudiants ? Ma réponse consiste en quelques questions de plus. Qu’arriverait-il si les enseignants d’anglais adventistes pouvaient se détacher des influences qui les ont formés, et affronter cette question avec un esprit ouvert : Que devrions-nous lire et enseigner ? Et si nous arrêtions de prendre les conseils d’Ellen White négativement (comme des interdictions) et les voir positivement ? En acceptant les lignes directrices d’Ellen White, de l’Église adventiste et d’autres chrétiens et spécialistes que nous respectons, quelle excellente littérature est à notre disposition ?

Avant de mourir en 1915, Ellen White a donné quelques derniers conseils qui ont été consignés :

« Nous devrions conseiller les jeunes… de s'approprier les lectures qui se recommandent pour l'édification du caractère chrétien. Les points les plus essentiels de notre foi devraient être étampés dans la mémoire de chaque jeune… Notre jeunesse devrait lire ce qui aura un effet sain et sanctifiant sur l’esprit. Ils doivent faire cela pour pouvoir discerner ce qu’est la vraie religion. Il existe beaucoup de bonnes lectures qui ne sont pas sanctifiantes.

C'est le moment et l'occasion d'œuvrer pour notre jeunesse. Dites-leur que nous sommes dans une crise périlleuse, et nous voulons savoir comment discerner la véritable sainteté. Nos jeunes doivent être aidés, édifiés, et encouragés, mais de la bonne manière, peut-être pas comme ils le voudraient, mais de façon à les aider à avoir un esprit sanctifié. Ils ont besoin, plus que de toute autre chose, d’une religion qui sanctifie19 ».

Je suis d’accord avec Ellen White et je crois que les écoles adventistes devraient avoir un objectif principal différent de celui des écoles non confessionnelles. Les éducateurs adventistes partagent des buts communs avec tous les éducateurs, soit aider les étudiants à penser de façon critique, les exposer à de nombreuses perspectives différentes, mais nous nous en distinguons aussi car nous plaçons au centre de nos cours une vision du monde chrétienne ; nous nous en distinguons également dans notre croyance que nous ne préparons pas nos étudiants pour le service dans ce monde seulement mais pour le service plus vaste du monde à venir20.

Dans mon expérience jusqu’ici, j’ai trouvé que la non-fiction – spécifiquement des histoires édifiantes et vraies (mais pas nécessairement écrites par des chrétiens) est ce qui profite au plus grand nombre de mes étudiants en enseignement général. Ces histoires vraies semblent être celles qui vraisemblablement aideront le plus les étudiants dans la vraie vie, et les histoires vraies écrites par des chrétiens me semblent être les plus édifiantes pour moi le professeur qui doit vivre et respirer ce que j’enseigne. Les érudits et les enseignants dans de nombreuses universités publiques ont déjà adopté le récit de vie comme une nouvelle façon de faire de la littérature. Voilà peut-être une tendance qui devrait inspirer les professionnels d’anglais adventistes.

Supplément : Exemple de programme d’études d’écrit de vie


Cet article a été revu par des pairs.

Lindsey Rose Gendke

Lindsey Rose Gendke, Ph.D., est professeure agrégée d'anglais et présidente du département d'Anglais à la Southwestern Adventist University à Keene, au Texas, aux États-Unis où elle est également directrice du centre d'écriture. Éducatrice expérimentée, L. Gendke a enseigné l'anglais au lycée et à l'université. Elle est titulaire d'une licence d'anglais de la Southwestern Adventist University et d'un master de l'université Adventiste du Texas, d'un master en rhétorique et composition et d'un doctorat en langue et littérature anglaises de l'université du Texas à Arlington (Arlington). Lindsey Gendke est l'autrice de trois livres : Ending the Pain : A True Story of Overcoming Depression, The Hidden Half of the Gospel : How His Suffering Can Heal Yours, et Brutally Honest (avec Paul Coneff).

Référence recommandée :

Lindsey Gendke, Enseigner l’écrit de vie (comme une alternative à la fiction) dans un cours de littérature, Revue d’éducation adventiste, n° 68.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Voir, par exemple, John O. Waller, “A Contextual Study of Ellen G. White’s Counsel Concerning Fiction,” un document présenté à la réunion quadriennale des professeurs d'anglais des collèges adventistes du septième jour au La Sierra College à Riverside, California, août 1965; John Wood, “The Trashy Novel Revisited: Popular Fiction in the Age of Ellen White,” Spectrum 7 (avril 1976): 16-21; Scott Moncrieff, “Adventists and Fiction: Another Look” Dialogue 8:3 (1996); et Scott Moncrieff et Vanessa Corredera, “Fiction and Film: Thoughts on Teaching Potentially Controversial Narratives,” The Journal of Adventist Education 78:1 (octobre/novembre 2015):23-27.
  2. Voici quelques exemples : Estelle Jelinek, “Women’s Autobiography and the Male Tradition,” dans Women’s Autobiography: Essays in Criticism (Bloomington, Ind.: Indiana University Press, 1980), 1-20; Arnold Krupat, “American Autobiography: The Western Tradition,” The Georgia Review 35:2 (1981): 307-317; James Olney, “Autobiography and the Cultural Moment: A Thematic, Historical, and Bibliographical Introduction,” dans Autobiography: Essays Theoretical and Critical (Princeton: Princeton University Press, 2014), 3-27; Kenneth Roemer, “Introduction,” dans The Cambridge Companion to Native American Literature, Joy Porter et Kenneth M. Roemer, éds. (Cambridge, U.K.: Cambridge University Press, 2005), 1-24; Jennifer Sinor, “A Story of the Diary,” dans The Extraordinary Work of Ordinary Writing: Annie Ray’s Diary (Iowa City: University of Iowa Press, 2002); Roger Smith, “Self-Reflection and the Self,” dans Rewriting the Self: Histories From the Renaissance to the Present, Roy Porter, éd. (London: Routledge, 1997), 43-47; Sidonie Smith et Julia Watson, “Situating Subjectivity in Women’s Autobiographical Practices,” dans Women, Autobiography, Theory, Sidonie Smith et Julia Watson, éds. (Madison: University of Wisconsin Press, 1998), 3-52.
  3. Ellen G. White, The Ministry of Healing (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1905),440.
  4. Ibid., 444, 446.
  5. Ibid., 445.
  6. Ibid., 446.
  7. John A. Anonby, “A Christian Perspective on English Literature,” dans Christian Worldview and the Academic Disciplines, Deane E. D. Downey et Stanley A. Porter, éds.(Eugene, Ore.: Pickwick Publications, 2009), 233-247; Mark Knight, An Introduction to Religion and Literature (London: Continuum, 2009); Arlin G. Meyer, “Teaching Literature as Mediation: A Christian Practice,” in Teaching as an Act of Faith: Theory and Practice in Church-Related Higher Education, Arlin C. Migliazzo, éd. (New York: Fordham University Press, 2002), 253-276; Susan Resneck Parr, The Moral of the Story: Literature, Values, and American Education (New York: Teacher’s College Press, 1982); Sallie McFague TeSelle, Literature and the Christian Life (New Haven: Yale University Press, 1966); Gene Edward Veith, Reading Between the Lines: A Christian Guide to Literature (Crossway Books, 1990).
  8. TeSelle, Literature and the Christian Life; Veith, Reading Between the Lines: A Christian Guide to Literature.
  9. Anonby, “A Christian Perspective on English Literature”; Knight, An Introduction to Religion and Literature.
  10. Knight, An Introduction to Religion and Literature; Myer, “Teaching Literature as Mediation: A Christian Practice”; Parr, The Moral of the Story: Literature, Values, and American Education.
  11. Mark Knight dit : « Notre lecture des textes littéraires n'est pas liée aux opinions ou aux croyances des auteurs, ce qui est libérateur pour les lectures religieuses de la littérature. » (ibid., 4). En d'autres termes, les enseignants peuvent utiliser des textes non religieux pour aborder des sujets religieux. Par exemple, Frankenstein offre une perspective intéressante, quoique troublante, sur la création qui pourrait être reliée au récit de la Genèse (ibid., 15); La Maison d’Âpre-Vent de Dickens et Le Procès de Kafka qui mettent l'accent sur les aspects juridiques, pourraient être utilisés pour examiner la loi dans le cadre de la tradition chrétienne. (ibid.,49); et diverses œuvres par Coleridge, Shakespeare, Hawthorne, Philip Roth, et Ian McEwancould, permettent toutes de parler de la « tache du péché ». (ibid., 90). Bien que ces œuvres et ces auteurs n'illustrent pas les croyances chrétiennes, ils peuvent néanmoins être utiles pour examiner ces croyances. Comme le dit Knight, « Une lecture religieuse d'un texte est compatible à un certain niveau avec pratiquement toutes les branches de la critique littéraire et ne doit pas se limiter au sujet typiquement considéré comme sacré » (ibid., 3). Cependant, Arlin Myer estime que « presque toutes les grandes œuvres littéraires traitent de questions morales fondamentales et, dans cette mesure, elles sont des œuvres religieuses ». (“Teaching Literature as Mediation,” 264). Se plaçant dans la position d'une éducatrice laïque cherchant à promouvoir la moralité dans sa classe, Susan Resneck Parr affirme que la littérature « encourage souvent les élèves à réfléchir à des problèmes moraux difficiles qu'ils pourraient autrement choisir d'ignorer » (The Moral of the Story: Literature, Values, and American Education, 19). S'appuyant sur l'idée de TeSelle et Lewis selon laquelle l'étude de la littérature permet aux lecteurs d'élargir leurs expériences (dans le but de devenir plus à même de se rapprocher de l'humanité déchue et de la sauver), Myer suggère l'avantage supplémentaire de se concentrer sur de nombreuses œuvres d'un même auteur, puis de demander aux élèves de comparer la vision du monde de l'auteur avec la leur. Selon lui, cela permet aux élèves d'examiner les visions du monde incarnées dans les œuvres des écrivains, ce qui les « incite » à « réexaminer leurs propres points de vue sur les grandes questions de la vie par rapport à ceux incarnés dans la littérature » (“Teaching Literature as Mediation,” 264). Dans son cours de fiction du 20ème siècle, Myer juxtapose l'enseignement d'écrivains qui ont rejeté le christianisme – tels que James Joyce, D. H. Lawrence, Virginia Woolf et E. M. Forster – à celui d'autres écrivains qui « écrivent dans une perspective chrétienne ou traitent explicitement des questions de foi », tels que Flannery O'Connor, Graham Greene, John Updike, Larry Woiwode et John Irving (ibid., 265). Une dernière façon pour Myer d'amener les étudiants à examiner leurs propres visions du monde est de les comparer et de les opposer à celles d'un auteur qu'ils ont étudié en profondeur lors de l'examen final (ibid., 265). Selon Myer, tout comme chaque œuvre d'art a sa propre vision, chaque « lecteur mature a sa propre vision du monde, sa vision de la réalité, son ensemble de croyances. Et si je fais correctement mon travail d'enseignant, c'est précisément la confrontation directe de ces différentes visions du monde qui fait de la lecture de fictions une expérience si puissante, transformatrice et profonde pour mes élèves » (ibid., 266). Je pense bien sûr qu'il s'agit là d'une approche efficace et valable dans la classe chrétienne, à condition que Myer et moi soyons d'accord sur le fait que de nombreux étudiants ne sont pas encore des « lecteurs matures », un point auquel les professeurs de littérature doivent rester sensibles lorsqu'ils enseignent la fiction.
  12. Dans certaines parties du monde, une connaissance approfondie des œuvres de fiction est nécessaire pour réussir les examens d'entrée et de sortie ou les examens de littérature du GRE, et les étudiants qui n'ont pas cette connaissance risquent d'échouer.
  13. General Conference Department of Education, A Brief Summary of the Guide to the Teaching of Literature in Seventh‐day Adventist Schools (2011):https://nad-bigtincan.s3-us-west-2.amazonaws.com/curriculum/secondary/secondary%20textbooks/literature%20seletion%20guidelines%20for%20secondary%20schools/Literature%20Selection%20Summary.pdf.
  14. Les normes d'évaluation sont essentielles lors de la recherche d'histoires vraies. Le fait que les histoires soient vraies n'exclut pas le risque de partialité, d'inexactitude, de thèmes banals, d'écriture de mauvaise qualité ou de mauvaise théologie.
  15. Lindsey Gendke, Ending the Pain: A True Story of Overcoming Depression (Nampa, Idaho: Pacific Press, 2016).
  16. Desirée Henderson et Amy Tigner sont deux universitaires sous la direction desquelles j'ai étudié et qui, dans leurs cours de premier et de deuxième cycle, mettent l'accent sur les journaux intimes et les livres de recettes des femmes du début de l'ère moderne. Henderson est l’auteur de How to Read a Diary: Critical Contexts and Interpretive Strategies for 21st Century Readers (New York: Routledge, 2019).
  17. Pour ceux qui ne savaient pas lire, les récits de vie – y compris le genre populaire des récits d'esclaves – étaient parfois rédigés par un secrétaire. Ces récits « tels que racontés à » sont également considérés comme des récits de vie.
  18. The Book of Margery Kempe, The Diary of Lady Margaret Hoby, The InterestingNarrative of Olaudah Equiano, The Collected Works of Jupiter Hammon: Poems and Essays publiés par mon professeur, Cedrick May (Knoxville: University of Tennessee Press, 2017), A Narrative of the Lord’s Wonderful Dealings With John Marrant, A Son of the Forest par William Apess, et les autobiographies spirituelles d'Elizabeth Ashbridge et de Richard Allen sont quelques-uns des textes religieux d’écrit de vie que j'ai lus dans le cadre de mes études.
  19. Ellen G. White, Life Sketches (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1915), 448. Italics supplied.
  20. Ellen G. White, Education (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1903),13.