Quand les enfants jouent, le temps s’écoule librement et les histoires aussi, surtout si ce sont des enfants entre 5 et 8 ans. Le monde est un lieu merveilleux et la réalité est un concept flexible. C’est l’âge parfait pour essayer toute sorte de nouvelles choses, même pour inventer un nouveau pays ! Cet article raconte l’histoire d’un groupe d’enfants de la maternelle à la deuxième année et de ce qu’ils ont accompli avec juste assez d’orientation et de liberté.
Chaque matin dans notre classe de la petite enfance à Apison, dans le Tennessee, aux États-Unis, nous nous concentrons sur la Bible, la langue et les maths. Parfois, pendant cette période, des concepts scientifiques et de sciences sociales sont également intégrés, par des lectures à haute voix, des discussions, des projets d’écriture et parfois des activités thématiques connexes pendant la période de mathématiques, telles que des mesures ou des représentations graphiques. Le vendredi nous avons des cours d’art.
Nous interrompons les cours de la matinée par une courte marche dans la nature et la récréation. Ensuite, après le repas du midi, nous profitons d’un temps de repos, et parfois d’un cours de musique, et nous bénéficions d’environ deux heures d’école forestière.
L’école forestière est dirigée par les enfants, et l’apprentissage est basé sur le jeu dans un environnement naturel. Son but est le développement global de l’enfant, soit physiquement, mentalement, socialement et spirituellement1. Les enseignants dans les écoles forestières sont des facilitateurs d’apprentissage, ils restent à proximité et apportent leur soutien dans tous les domaines, de l'identification des salamandres à la supervision de l'escalade dans les arbres, en passant par l'aide à la négociation en cas de désaccord. Pour les enfants, l’école forestière est un temps pour jouer sans contrainte à l’exception des règles établies pour la sécurité et la gentillesse. Les bienfaits de l’école forestière et les moyens pour en mettre une en place feront l’objet d’un autre article. Disons cependant que les recherches actuelles et les écrits d’Ellen White soutiennent les principes directeurs de l’école forestière2,3. L’école forestière est un sol fertile pour l’apprentissage par projet. C’est au cours de l’école forestière qu’est né le pays de Forestia.
Pour commencer
Un jour de janvier, au cours de notre deuxième année d’école forestière, les enfants s’affairaient à faire des forts et des cabanes avec des bâtons de bois. Vers la fin de la journée, j’ai entendu un enfant dire à un autre enfant : « Nous devrions faire une ville ».
Le lendemain matin, j’ai apporté à l’école le livre Roxaboxen, un livre que je conservais juste pour le bon moment. Réunis avec mes élèves sur le tapis où nous faisions habituellement notre lecture à haute voix, j’ai commenté la conversation que j’avais entendue la veille, et j’ai suggéré qu’ils pourraient aimer entendre la lecture d’un livre sur de véritables enfants qui ont fait une ville.
Les enfants ont écouté avec une grande attention le déroulement de l’histoire. Après quoi ils ont commencé à parler entre eux avec animation sur la façon de choisir un président pour leur ville. Mon assistante et moi-même, nous nous sommes retirées pour les laisser tranquilles. Après environ 10 minutes de débat bruyant mais productif, les enfants se sont entendus sur une méthode. D’abord, ils ont demandé aux quatre enfants les plus âgés de s’avancer au-devant de la classe – mais d’abord ils avaient dû déterminer qui était le plus âgé. Puis chaque enfant a placé une main sur l’élève qu’il ou elle croyait serait le meilleur président.
Le résultat a été écrasant. Joshua5 était le président et chacun a accepté la décision sans opposition.
Après cela, les élèves ne savaient plus ce qu’il fallait faire, je me suis donc avancée et je leur ai offert quelques choix. Voulaient-ils une ville ou un pays ? Normalement, leur ai-je dis, un président dirige un pays, et des maires dirigent des villes. Avec enthousiasme, les enfants ont décidé qu’ils voulaient un pays.
Comprendre la situation
À cette étape, je ne savais pas trop comment agir. Pendant la fin de semaine, j’ai commandé un livre6 sur « comment faire votre propre pays pour les enfants ». Son niveau était au-dessus de celui de mes élèves, mais il m’a donné des idées pour les orienter. La semaine suivante pendant notre temps de lecture à haute voix, nous avons été renseignés sur les différents genres de gouvernements et avons envisagé chacun. Une théocratie ne semblait pas plausible, une dictature n’était pas du tout intéressante et avoir une monarchie était tentant, mais finalement les élèves ont décidé qu’ils voulaient une démocratie plus ou moins selon le modèle américain.
Ici un démenti est de mise. Je suis consciente que certains adultes voudraient faire valoir que les États-Unis sont une république plutôt qu’une véritable démocratie7, mais laissons de côté cette discussion jusqu’à ce qu’ils soient un peu plus âgés. Avec des jeunes enfants, les particularités d’un gouvernement, les définitions nuancées incluses, doivent s’effacer. Pour ces enfants de la maternelle, de la première et de la deuxième année, l’expérience émotionnelle est essentielle et elle fournit une fondation sur laquelle construire quand ils seront plus âgés.
La décision de créer une démocratie étant prise, il a été important de parler du vote. J’ai donc décrit brièvement comment les adultes modèlent leur gouvernement en votant. Ils voulaient tous voter ! Tous, ils voulaient aider à décider à prendre des décisions ! Nous avons présenté que le privilège de voter inclut l’entente que nous n’obtenons pas toujours ce que nous voulons mais qu’à la longue, les décisions sont généralement bonnes car ce que la majorité des gens veut, s’accomplit. Ils ont été d’accord, et au fil du temps, ils ont appris comment cela marche dans la vie pratique.
La première chose que les élèves ont voulu faire est de donner un nom à leur pays. Pour cela nous avons lu un livre sur les drapeaux8 simplement pour entendre la prononciation des noms nationaux : Irlande, Nouvelle Zélande, Cambodge, Suisse, Libéria. Ils ont remarqué que le nom de nombreux pays termine par « land » (pays en anglais—terre de…) ou « ia ». Un jour, ils ont suggéré des noms pour leur pays et je les ai tous écrits au tableau. Nous avons voté et avons réduit la liste jusqu’à qu’il ne reste qu’un seul nom : Forestia.
Approfondir l’expérience
Ensuite, ils en ont eu assez de construire leur pays. Les enfants ont semblé oublier Forestia jusqu’à ce que le Président fasse une loi qui a bouleversé certains citoyens. C’est arrivé quand, au milieu de beaucoup de conversations et de grandes émotions, nous avons appris que les États-Unis avaient un gouvernement à trois branches pour équilibrer le pouvoir. Les enfants étaient fascinés tandis que je dessinais un arbre à trois branches et expliquais cela en termes simples et avec des exemples auxquels ils pouvaient se référer. Nous avons eu d’autres élections, plus formelles cette fois, avec des discours convaincants et une boîte pour bulletins de vote. Bientôt nous avons eu un vice-président et un Congrès avec trois personnes désireuses de faire des lois (le pouvoir judiciaire est venu plus tard). Étant généreux et démocratique, le Congrès a immédiatement demandé aux citoyens de Forestia de les aider à rédiger les lois.
Personne ne savait trop comment faire, moi incluse. J’ai pris du papier d’imprimante et l’ai découpé en larges bandes. « Voilà, ai-je dit, en étalant les bandes sur mon pupitre, vous êtes invités à écrire les lois sur ces papiers. » Chacun a participé jusqu’au plus jeune de la maternelle. Ceux qui avaient besoin de soutien, ont reçu du soutien. Ceux qui pouvaient épeler leurs propres mots le firent avec enthousiasme. Rapidement nous avons eu une pile de soumissions de lois. Beaucoup avaient des illustrations utiles à côté d’écrits d'élèves difficiles à déchiffrer.
Avec un peu d’encouragement, le Congrès a trié les lois. Ils ont voté celles qu’ils voulaient soumettre au président, et il les a promulguées9. Les lois allaient de « Ne pas tuer le président » à « Ne pas blesser les arbres » à « Être gentil ». Comme d’habitude je n’ai pas participé au processus, excepté pour les aider. Les lois ont été conservées dans un tableau de poche et consultées selon les besoins par les enfants (par exemple, quand quelqu’un avait besoin d’un rappel à « être gentil ». Plus tard, nos trois juges ont reçu la charge de simplement lire les lois qui s’appliquaient à une situation donnée. Avoir des élèves qui servent de juges dans une classe peut être une affaire délicate et exige une étroite surveillance de la part de l’enseignant. Je me suis demandé si ce genre de respect rigoureux d’une loi pourrait être une source de conflit mais en général ce ne fut pas le cas. Après tout, les enfants en jeune âge aiment que les choses soient claires et nettes. Plus important encore, chaque citoyen sentait que les lois lui appartenaient, et il comprenait pourquoi elles étaient importantes. Personne n’a jamais défié les lois créées par les élèves dans ma classe primaire. (Avec des élèves de cinquième année, ce serait une autre histoire !)
Défis et transformation
Pour le reste du troisième trimestre, Joshua a été le président. Il avait un fort caractère et parfois il explosait avec des proclamations présidentielles. Cela n’était pas bien perçu par les citoyens. Au cours d’une de ces situations, je lui ai rappelé que les présidents signent des projets de lois mais qu’ils ne les créent pas, et que généralement ils ne font pas beaucoup de proclamations.
Il m’a répondu : « Oui, ils en font ». Et il m’a cité le président Trump qui l’avait fait avec le mur sur la frontière américaine/mexicaine. « Vrai, ai-je répondu, mais le Congrès essaie de l’arrêter. »
Sur ce, Joshua a regardé la forêt où ses compagnons de classe jouaient. Pour un instant des larmes ont rempli ses yeux. Il ressentait la frustration d’avoir à gérer l’équilibre des pouvoirs. Mais à huit ans, son leadership était efficace et confiant. C’était quelque chose à cultiver. Je l’ai encouragé dans ses forces, j’ai affirmé que le leadership était difficile, et je lui ai rappelé que nous n’avons pas à faire les choses parfaitement. Cet incident a passé mais au cours des semaines suivantes, Joshua a commencé à demander aux autres de partager le leadership avec lui.
Révolution personnelle
Un de ses codirigeants était Lincoln, un élève de première année luttant pour apprendre à lire. Un jour, il a été troublé parce que les citoyens creusaient des trous dans « la montagne », un tas de terre qui deviendrait, dans les années suivantes et avec d’autres enfants, un endroit très apprécié pour creuser. Cependant, dans les premières années de notre expérience d’école forestière, la montagne était vierge. Lincoln a supplié ceux qui creusaient d’arrêter. En tant que membre du Congrès de Forestia, il a essayé de passer un projet de loi pour protéger la montagne, mais c’est resté lettre morte. Une des ouvrières, collègue membre du Congrès, a simplement continué à creuser alors qu’elle enregistrait son vote sur la loi proposée : « Je vote non ! »
Lincoln s’est éloigné, découragé. Je l’ai pris à part et lui ai dit : « Lincoln, ils n’ont pas vraiment compris ta préoccupation. Si tu dis à tous que tu veux protéger la montagne, ils vont écouter. Ils pourraient même être d’accord avec toi. Veux-tu réessayer ? » Il a accepté avec réticence et les citoyens ont été invités à écouter un discours de Lincoln, membre du Congrès. Il a donné un discours simple mais passionné, après quoi il y a eu le vote des citoyens qui a renversé la vague : tout le monde voulait protéger la montagne. Cette fois le Congrès a approuvé la loi, et cela a été un point tournant pour Lincoln. À partir de ce jour, Lincoln a été un leader engagé et confiant.
Culture et communauté
Une fin de semaine, une grand-mère a fait un drapeau pour notre pays. Un autre jour, nous avons vu un serpent royal et avons décidé d’en faire l’animal national officiel. Les enfants voulaient aussi un hymne national mais ils ne savaient pas par où commencer.
J’ai réalisé qu’ils avaient besoin d’aide, mais j’étais perdue. Quelques semaines ont passé, et les enfants n’avaient pas oublié leur idée. Finalement j’ai apporté à l’école deux magnifiques livres d’images10 que j’ai chantés pour eux—et, non, je ne suis pas une grande chanteuse. Un livre présentait l’hymne national américain et l’autre avait le chant « America the Beautiful ». Nous nous sommes tous sentis très patriotiques, et immédiatement nous avons fait un nuage de mots de ce que nous aimions à propos de Forestia. Ils ont choisi la mélodie « America the Beautiful », et je les aidés à insérer les mots sur la mélodie. « Forestia the Beautiful » est devenu un chant très aimé souvent chanté avec joie à la fin de la journée de classe.
L’année suivante, Lincoln, alorsen deuxième année, est devenu le président élu de Forestia. Il était au milieu d’une présidence réussie quand les membres du Congrès de Forestia, espérant éviter de perdre leur position, ont voté de proposer l’interdiction de toutes élections futures. Cela a créé de la détresse dans toute la classe. Il y eut des mots durs d’échangés, des larmes ont coulé, et un sentiment de panique a saisi la classe tandis que les enfants ont réalisé qu’il n’y aurait plus jamais d’élections. En plein milieu de ce désordre, j’ai tranquillement pris le président Lincoln à part et je lui ai demandé : « Ainsi, M. le président, avez-vous mis votre veto à cette loi ou l’avez-vous signée ? »
« Oh ! s’est-il crié avec exubérance et se dépêchant de faire face à la classe, j’ai une annonce à faire ! J’ai mis mon veto à cette loi ! » Sur quoi tout le monde a été réconfortés, même les membres du Congrès de Forestia.
Notre école a grandi, en partie grâce à notre programme d’école forestière, nous avons ajouté une quatrième salle de classe, et je suis passée de l’enseignement de la maternelle 2 à la maternelle 1 seulement. La deuxième année a été jointe à la troisième année, et ces classes avaient aussi une école forestière quotidienne mais dans un endroit différent. Cela a été une perte pour notre classe comme je devais le constater plus tard. Pourtant, même sans la deuxième année assurant le leadership, chaque classe faisait son propre pays chaque année. Avec des enfants plus jeunes, je garde les choses au plus simple, mais les élèves me surprennent souvent.
Un jour, le printemps dernier, deux élèves de première année – l’une était la présidente et l’autre une membre du Congrès – discutaient d’une loi proposée rédigée par cette membre du Congrès. Le projet de loi stipulait « interdiction de jouer à la bataille dans les bois ». Les enfants savent que toute bagarre est découragée et donc c’était un projet de loi raisonnable, mais la présidente trouvait qu’il était trop sévère. Celle-ci a mis son veto à cette loi et a proposé à la membre du Congrès de la rédiger autrement. Les deux filles ont brièvement discuté des nuances entre contrôler une « mauvaise » conduite tout en restant quand même « amical ».
D’autres circonstances me rappellent à quel point mes élèves sont jeunes. Un automne, notre Congrès de deux élèves de la maternelle et un de la première année essayaient de voter entre eux s’ils allaient envoyer un projet de loi au président ou non. Mais leur vote était toujours 2 contre un. Cela ne leur semblait pas juste. Ils voulaient l’unanimité. Ils ont essayé encore une fois et ils ont obtenu le même résultat. Ils ont changé leur manière de voter mais le résultat restait le même. Lorsque je suis intervenue suffisamment longtemps pour leur rappeler qu'il ne fallait que deux voix pour obtenir la majorité, ils sont restés insatisfaits, et ont reporté le vote.
Apprentissage par le jeu
Dans son livre Free to Learn11 Peter Gray présente le jeu comme un exercice de liberté et de retenue. En donnant aux enfants la liberté de diriger leurs propres jeux – prétendre à divers scénarios, construire des forts et faire des gâteaux de boue tout en négociant diverses questions qui se posent en cours de route – on leur demande aussi de faire preuve de maîtrise de soi. Le jeu en groupe implique toujours des règles énoncées et non énoncées, et chaque participant doit veiller à ses besoins personnels et aux besoins du groupe – un équilibre délicat qui favorise le développement des compétences socio-émotionnelles pour la vie.
Le véritable jeu est toujours un choix, car Gray ajoute et inclut l’option de ne pas jouer. Cela correspond à mon expérience en tant qu’enseignante. Si quelqu’un choisissait de ne pas être un citoyen de Forestia, par exemple, cela donnerait une toute nouvelle direction à la discussion. J’ai trouvé que d’avoir des possibilités quotidiennes de faire des choix faisait partie intégrante d’une classe joyeuse où les enfants sont activement et personnellement engagés dans l’apprentissage. Mais ce n’est pas surprenant ! Tous, nous sommes plus créatifs et plus aptes à résoudre des problèmes quand nous travaillons avec suffisamment de liberté personnelle pour explorer et essayer de nouvelles méthodes et idées.
Voilà la raison pour laquelle j’ai appris à rester à la périphérie du jeu de mes élèves. S’ils m’apportent un gâteau de boue, bien sûr, je me joins à eux et je prétends en raffoler. Mais je n’essaie pas de diriger leur jeu sociodramatique. Ils choisissent à quoi jouer et comment jouer, aussi longtemps que leurs choix sont paisibles et dans les limites des principes chrétiens. Même si j’interviens et que je leur offre des moyens d’élargir leur jeu et leur apprentissage, je le fais avec douceur, en leur suggérant des options et en les aidant dans toutes les conversations nécessaires pour qu'ils atteignent leurs objectifs.
Imaginez si je devais exiger de mes élèves qu’ils fassent un pays, puis que j’exige qu’un étudiant en particulier soit le président, puis que j’exige que chaque élève de la classe propose trois lois. L’enthousiasme s’éteindrait rapidement ! Oui, je reste sur la scène et très près, mes élèves savent que je vais intervenir et les aider à résoudre des situations difficiles, mais ils savent aussi que l’école forestière et des projets tels que Forestia leur appartiennent. C’est une chose merveilleuse pour une enseignante que de faire partie d’enfants qui travaillent dur à jouer.
Cela n’est pas seulement vrai pour la construction d’un pays, mais pour jouer avec les sciences de la terre, étudier la construction des nids d’oiseaux, et développer des compétences cartographiques12. Étant leur enseignante, je ne suis pas impliquée dans leur jeu, mais je peux les encourager et me joindre à eux juste assez pour rendre leur apprentissage plaisant et excitant. Ils me dirigent et, en retour, je les aide à aller plus loin.
Programme d’études authentique
David Sobel appelle cette approche à l’apprentissage un « programme d’études authentique ». Dans son livre Childhood and Nature: Design Principles for Educators13, il souligne le rôle de l’enseignant et compare l'orientation d'un programme d'études authentique au principe des arts martiaux qui consiste à prendre la force de l'adversaire et à l'utiliser pour parvenir à ses fins. Pas besoin d’être des admirateurs des arts martiaux pour comprendre cette analogie ; si vous arrivez à exploiter le caractère ludique de l’enfance et à l’attacher à des objectifs d’apprentissage, il en résultera des leçons pour toute la vie, profondément enracinées.
James Tucker, auteur, professeur, et écrivain prolifique, raconte les promenades qu’il faisait, alors qu’il était très jeune, avec son père qui lui demandait chaque jour : « James, que remarques-tu ? Qu’est-ce qui est différent ? » Plus tard, jeune enseignant adventiste, Tucker a ouvert le monde pour ses élèves en leur posant les mêmes questions. Plus tard, il a écrit des méditations basées sur la nature telles que Windows on God’s World14, méditations que beaucoup d’entre nous ont entendu à l’école primaire, lors de la dévotion matinale. Un jour, il y a quelques années, je me suis trouvée dans une salle de classe à l’université, écoutant avec une attention soutenue Tucker expliquant sa théorie de l’apprentissage naturel : laissez les enfants être des enfants, selon l’intention divine, conçus pour apprendre au moyen de leur curiosité ludique.
Une image s’est imposée à mon esprit : Jésus est sur un flanc de colline, entouré d’adultes qui en veulent aux jeunes qui ont grimpé sur les genoux du Sauveur. Mais Jésus serre les enfants de plus près, et il rappelle à ses amis que les enfants sont importants et leurs façons de faire et leurs besoins ne correspondent pas toujours à nos attentes. Comme nous l’oublions facilement ! Et que c’est beau quand nous nous en souvenons !
L’apprentissage émergent, ludique, basé sur des projets vaut la peine d’être expérimenté. Pour l’enseignant, l’aventure peut être amusante, et notre rôle d’adulte, bien que différent de celui des enfants, peut parfois ressembler à un jeu. Là se trouve la riche et magnifique ironie d’accompagner les enfants dans leur monde : plus nous nous rapprochons de l'idée de permettre aux enfants d'apprendre naturellement, comme Dieu l’a conçu et voulu, plus en tant qu’adultes, nous pouvons découvrir la joie profonde de les guider et de les aider à grandir.
Cet article a été revu par des pairs.
Référence recommandée :
Karen Williams, La construction de Forestia, Revue de l’éducation, n° 69.
NOTES ET RÉFÉRENCES
- Angela J. Hanscom, Balanced and Barefoot: How Unrestricted Outdoor Play Makes for Strong, Confident, and Capable Children (Oakland, Calif.: New Harbinger Publishers, Inc.,2016); Richard Louv, The Nature Principle: Reconnecting With Life in a Virtual Age (Chapel Hill, N.C.: Algonquin Books of Chapel Hill, 2011); Steph Scott et coll., “The Impact of Time Spent in Natural Outdoor Spaces on Children’s Language, Communication, and Social Skills: A Systematic Review Protocol,” International Journal of Environmental Research and Public Health 19:19 (2022): 12038. https://doi.org/10.3390/ijerph191912038.
- Ellen G. White, Child Guidance (Washington D.C.: Review and Herald, 1954), 300, 301; __________, Education (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1903), 107; __________, Counsels to Parents, Teachers, and Students (Mountain View, Calif.: Pacific Press, 1941), 188.
- Forest School Association, “What Is Forest School?” (5 juin 2020):
https://www.youtube.com/watch?v=8b2vC-ecUuU&t=4s. - Alice McLerran et Barbara Cooney, Roxaboxen (New York: HarperCollins Publishers, 1991).
- Tous les noms cités sont des pseudonymes.
- Valorie Wyatt et Fred Rix, How to Build Your Own Country (Tonawanda N.Y.: Kids Can Press Ltd., 2009).
- Les États-Unis sont une démocratie représentative. La Constitution définit une forme de gouvernement fédéral démocratique et républicain qui réunit 50 États souverains. Voir “Democracy in the United States” (n.d.): https://www.uscis.gov/sites/default/files/document/lesson-plans/Government_and_You_handouts.pdf et “Our American Government”(n.d.):
https://clyburn.house.gov/fun-youth/us-government#:~:text=The%20Constitution%20establishes%20a%20federal,union%20of%2050%20sovereign%20States. - Sylvie Bednar, Flags of the World (New York: Abrams Books for Young Readers, 2009).
- En raison de l'âge des élèves, le processus officiel de création de lois du gouvernement américain a été simplifié afin de ne pas rendre le processus de gouvernance inutilement complexe pour le pays de Forestia.
- Peter Spier, The Star-Spangled Banner (New York: Scholastic Inc., 2002); Wendell Minor et Katharine Lee Bates, America the Beautiful (New York: Scholastic Inc., 2003).
- Peter Gray, Free to Learn: Why Unleashing the Instinct to Play Will Make Our Children Happier, More Self-Reliant, and Better Students for Life (New York: Basic Books, 2013).
- Page Facebook de la Lester Coon Adventist Forest School (2023): https://www.facebook.com/LCAForestKindergarten/.
- David Sobel, Childhood and Nature: Design Principles for Educators (Portland, Me.: Stenhouse Publishers, 2008), 84.
- James A. Tucker, Windows on God’s World: Glimpses of the Creator Through His Handiwork (Washington, D.C.: Review and Herald, 1975).