Meilleures Pratiques au Travail | André Vasconcelos • Eduardo Rueda Neto

Une éducation environnementale à la lumière de la Bible

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Actuellement, une discussion sur le processus pédagogique qui vise la formation d’individus conscients des questions écologiques qui se posent à notre planète, domine l’éducation environnementale. Cette éducation cherche à donner aux personnes et aux entités les moyens de préserver intentionnellement les ressources naturelles encore disponibles, prévenir ou renverser la pollution et ralentir l’impact du réchauffement de la planète et le changement climatique. Cette éducation implique de favoriser un style de vie durable et une réflexion approfondie non seulement de ses aspects écologiques mais aussi de ses implications éthiques, politiques, sociales et économiques. Plus encore, l’éducation environnementale est importante étant donné sa nature interdisciplinaire, car elle est liée à presque tous les domaines de connaissance.

Les chrétiens devraient davantage se soucier de l’éducation environnementale qui est en rapport direct avec leur foi en Dieu le Créateur des cieux et de la terre. La Bible affirme sans équivoque que « C’est au Seigneur qu’appartient la terre, avec tout ce qui s’y trouve, le monde et tous ceux qui l’habitent » (Psaumes 24.1)1. Tous, nous sommes des intendants de Dieu responsables des ressources qui nous ont été confiées (Luc 12. 42-48) et cela inclut sans aucun doute les ressources naturelles. Il s’ensuit que la sensibilisation à l’écologie est étroitement associée à l’intendance chrétienne, et il nous est possible de concevoir des leçons d’éducation environnementale enracinées dans les enseignements des Saintes Écritures.

Cet article vise à équiper les éducateurs chrétiens avec des arguments bibliques afin de sensibiliser les étudiants à leur responsabilité environnementale. La discussion sur ce sujet a été divisée en quatre sections qui pourraient servir de base pour une séries de quatre séances de cours ou leçons. D’autres études et activités pratiques pourront être dégagées de cette brève réflexion.

Leçon 1 : Intendants de la création

Objectif : Dans cette leçon ou séance de cours, les étudiants comprendront la signification biblique des termes soumettre et dominer dans le contexte du récit de la création dans Genèse. La leçon cherche à démontrer que cela ne réfère pas à une exploitation des ressources naturelles, mais plutôt à une prise en charge responsable de la création.

Beaucoup de gens considèrent que le commandement de Dieu aux humains de « soumettre » la terre et « dominer » sur les animaux (Genèse 1.28) est un chèque en blanc pour l’exploitation de la planète par l’humanité. Mais est-ce que cette hypothèse est juste ? Pour bien comprendre ces termes, nous avons besoin de plonger dans la signification dans l’hébreu biblique de ces deux verbes traduits par « soumettre » et « dominer », mais aussi dans la façon dont ils sont employés dans d’autres passages de l’Ancien Testament.

Le verbe traduit par « soumettre » (radah) véhicule l’idée de régner et de dominer. Il est souvent employé dans la Bible pour se référer à la domination d’un roi ou d’une nation sur d’autres monarques et nations ennemies (1 Rois 4.24 ; Psaumes 72.8 ; 110.2 ; Ésaïe 14.2 ; Ézéchiel 29.15). Il est aussi utilisé pour signifier assujettir une autre personne (Lévitique 26.17 ; Néhémie 9.28 ; Ésaïe14.2). Pareillement, le mot traduit par « dominer » (kavash) implique une forme de domination imposée (Nombres 32.22 ; 2 Samuel 8.11 ; 2 Chroniques 28.10 ; Jérémie 34.11).

Bien que les deux termes expriment apparemment l’idée de domination, il est crucial de rappeler que la relation entre les humains et la création est qualifiée à la fin des six jours de création de « très bonne » (Genèse 1.31). Selon le théologien Nahum Sarna, cela révèle une interrelation « harmonieuse et mutuellement bénéfique » entre l’humanité et le reste de la création divine2.

Il est probable que la directive dans Genèse 2 de dominer sur les animaux était en lien avec l’acte de les avoir nommés. Les versets 19 et 20 déclarent que Dieu a créé les animaux puis il les a amenés à Adam pour qu’il leur donne un nom. Cette autorisation de nommer les animaux devraient être comprise comme une délégation d’autorité de la part de Dieu, comme sa permission pour que les humains exercent un degré de souveraineté sur la nature. Tout comme Dieu a démontré sa souveraineté sur le temps et l’espace en nommant le jour, la nuit, les cieux et les mers (Genèse 1), Adam a révélé sa souveraineté sur le règne animal en nommant les bêtes.

Il est important de souligner que ce droit initial des humains sur les animaux n’était pas quelque chose que les humains ont gagné. Cela leur fut accordé par Dieu. Une des restrictions qui a limité cette souveraineté a été le régime végétarien donné à l’humanité (Genèse 1.29). Il est important de noter que la consommation humaine de viande a été autorisée par le Seigneur seulement après le déluge (Genèse 9.3,4) quand la relation entre les humains et la création avait déjà été perturbée par la présence du péché (Genèse 3).

Le pouvoir limité des humains sur les animaux est subtilement exprimé dans le récit de la chute morale de l’humanité (Genèse 3) quand le serpent (le diable) a trompé Adam et Êve. Le fait que Satan ait choisi un animal pour séduire l’humanité est ironique et tragique. Ceux qui devaient dominer le règne animal ont été maîtrisés par lui.

Le commandement de Dieu de « remplissez la terre et soumettez-la » (Genèse 1.28) ne concernait pas seulement la domination découlant de la présence humaine dans le monde mais aussi la culture du sol. Il est intéressant que la terre décrite dans Genèse 1.2 le soit avec les termes hébreux tohu wavohu, traduits en français par « informe et vide ». Cette expression n’est pas seulement une figure de rhétorique (hendiadys) représentant le chaos primitif mais aussi une représentation graphique de la terre dans son état de stérilité et infécondité, comme l’indique l’usage de tohu et vohu dans Ésaïe 34.11 et le terme tohu dans Deutéronome 32.10 et Job 6.18.

Cet état improductif a commencé à être renversé quand Dieu a commandé au sol « de donner de la verdure, de l’herbe porteuse de semence, des arbres fruitiers qui portent du fruit selon leurs espèces et qui ont en eux leur semence » (Genèse 1.11). Cependant, la Bible mentionne qu’« il n’y avait encore aucun arbuste de la campagne sur la terre, et aucune herbe de la campagne ne poussait encore; car le Seigneur Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait pas d’homme pour la cultiver » (Genèse 2.5). La solution à ce problème a été, en partie, la création d’Adam et Êve (Genèse 2.7 ; 1.28). Ainsi le texte semble suggérer que la directive de soumettre la terre donnée aux humains a été étroitement liée à leur responsabilité de travailler le sol.

Cette idée est réaffirmée dans Genèse 2.15. Dans ce verset, il est déclaré que le Seigneur a placé l’homme dans le jardin d’Éden et lui a dit de « le cultiver et le garder ». Le verbe traduit par « cultiver » (`avad) signifie littéralement «