Recension de livre | Faith-Ann A. McGarrell

Canoës, Crocodiles et Christ : The Story of Haru Hariva

(Warburton, Victoria, Australia: Signs Publishing, 2021). ISBN 9781922373281 (impression), 9781922373298(ebook). 152 pages. US$14.99. Pour commander ce livre aller sur : https://adventistbookcenter.com/canoes-crocodiles-and-christ-the-story-of-haru-hariva.html.

Le Dieu des cieux est-il plus puissant que le puri puri, que les cannibales, que les crocodiles, que les cyclones ? Quelle est sa puissance ? L’histoire de Haru Hariva met les lecteurs au défi de répondre à cette question tout au long de ce récit. Dans Canoes, Crocodiles, and Christ : The Story of Haru Hariva, David McClintock partage des témoignages de la vie de ce missionnaire, pionnier dans la division Pacifique Sud. Cette histoire, qui n’est pas une fiction, se passe dans les villages de la jungle et les villes portuaires de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle retrace la vie de Haru Hariva du début des années 1900 jusqu’à sa mort en 1967. Chaque chapitre entraîne le lecteur dans un voyage avec Haru alors qu’il grandit dans le village de Heperi sans sa mère, apprend à aimer son père alors qu’il vit dans la baie de Bootless, et fait la connaissance de Jésus dans la petite école missionnaire de Hilo. Les lecteurs sont passionnés alors qu’il poursuit une éducation à Bisiatabu près de port Moresby,  se marie avec Kaura et qu’ensemble ils élèvent 12 enfants.

De chef de village à missionnaire pour Dieu

L’histoire débute avec la mort de la mère de Haru arrachée à la vie par un crocodile. Le père de Hari, Hariva, un chef de village, doit faire face à la mort de sa femme et, peu de temps après, de sa petite fille Rouru. Il blâme le puri puri d’avoir apporté la dévastation dans sa famille. La perte du jeune Haru est aggravée quand son père, accablé de chagrin et ayant peur de la magie du puri puri, abandonne Haru et recommence sa vie à la baie de Bootless, loin du village de Heperi. Il vit alors avec son oncle et devient un jeune homme observateur et clairvoyant. Après une courte période, son père revient et ensemble, ils partent pour Port Moresby. Là, Haru entend parler d’une école où les enfants apprennent à lire et à chanter des chants sur Jésus. À cette école, il apprend le chant « Jésus m’aime, je le sais » (Jesus Loves Me, This I Know). Cela transforme sa vie. À cette école, le nuage de superstition et de sorcellerie est dissipé, et Haru voit la puissance du Dieu du ciel. Rien ne l’empêche d’aller à cette école, pas même les coups que son père lui donne. Haru a consacré sa vie au partage de l’Évangile avec les gens le long de la rivière Turama, le district Kigo, la côte de Mandang et de nombreuses autres localités afin qu’eux aussi puissent apprendre qui est Jésus et le grand amour de Dieu.

Une histoire captivante

Canoes,Crocodiles, and Christ : The Story of Haru Hariva est une histoire captivante. Le récit interpelant retient l’attention du lecteur. L’auteur ayant vécu et travaillé en Papousie-Nouvelle-Guinée, utilise un langage coloré pour transporter les lecteurs dans les forêts tropicales denses, des paysages montagneux et des mers tumultueuses.

Chacun des titres des 15 chapitres permet aussi de raconter cette histoire. Par exemple, le chapitre intitulé « Enlevée par un crocodile » révèle ce qui est arrivé à la mère de Haru. Le chapitre intitulé « Sauvés de la marmite » rapporte sa rencontre avec les gens vivant dans les villages le long de la rivière Turama et leur passage d’un régime composé principalement de porc et de chair humaine à un régime de fruits, de noix, de racines comme le taro, les ignames et le sagou ainsi que de l’adoration des esprits à la lecture de la Bible et l’observation du sabbat. Les chapitres « Ressuscité des morts » et « Vasiti » racontent les histoires contrastées de la maladie, de la mort, et de l’apprentissage à faire confiance à Dieu peu importe la façon dont Dieu choisit de répondre aux prières.

Le livre illustré par Bryan Paul présente un mélange d’illustrations dessinées à la main et de photos en noir et blanc. Les dessins aux crayons noir et blanc soulignent le thème de chaque chapitre et les photos historiques de l’Adventist Heritage Center à Cooranbong, en Australie, présentent Haru, des membres de sa famille et divers amis et collègues missionnaires tout au long du livre.

À la fin de chaque chapitre, les lecteurs trouveront une page de « Notes » avec des définitions de termes et d’expressions familières, des descriptions de la faune et de la flore, des faits sur le terrain, les traditions et des antécédents historiques, et les contextes historiques. À la fin du livre, il y a un glossaire de termes tirés de plus de 800 dialectes parlés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et Haru en parlait 32.  Il y aussi une section de « Questions pour discussion » qui présente trois questions pour chaque chapitre. Les questions aident les lecteurs à creuser plus profondément, et cela est particulièrement efficace pour les chapitres qui parlent de maladie, de mort, de perte ou de prières non exaucées. Plusieurs questions demandent aux lecteurs d’appliquer les sujets présentés à leur propre vie.

Critique

Une bonne partie de ce qui arrive dans cette histoire se passe dans la jungle, dans et près de l’eau. Ainsi, on y trouve de longs passages décrivant la façon dont les canoës étaient fabriqués de rondins, le besoin pour les canoës de résister aux forts courants de l’océan, les genres de vignes et de branches qui pouvaient être utilisés pour faire des rames et des cordes, et plusieurs situations où des vies ont été menacées ou perdues à cause de l’eau. Les descriptions peuvent sembler longues, mais elles donnent aux lecteurs un aperçu des efforts, du travail et des compétences nécessaires pour survivre à cette époque. Les enfants apprennent tôt à utiliser les ressources naturelles pour survivre et développent un respect salutaire de l’eau qui abrite des crocodiles et présente des courants rapides et imprévisibles.

Certains peuvent se demander qui raconte cette histoire et pourquoi elle n’est pas racontée par la famille de Hari. Un débat actuel autour de l’écriture non fictionnelle tourne autour de la question de savoir à qui appartient l'histoire à raconter. Un auteur dit cela : « Les questions éthiques autour de la rédaction d’histoires qui ne nous appartiennent pas exclusivement sont un des problèmes avec lesquels les écrivains se débattent alors que d’autres ne se débattent pas suffisamment2. » Dans la préface du livre, il est évident que David McClintock débat de cette question. Il a grandi en Papouasie-Nouvelle-Guinée et il y est retourné en tant que directeur de l’école secondaire adventiste Mouth Diamond près de Port Moresby. Il a enseigné aux petites-filles de Hariva et a travaillé avec le fils aîné de Haru, Daniel, qui était directeur adjoint de l’éducation pour l’union des missions de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a aussi connu Naphtali, un autre fils qui a travaillé à l’école secondaire adventiste Kabiufa. McClintock a parlé avec Kausa, la femme de Haru et Zita Hibo, la fille de Haru, qui toutes les deux ont partagé volontairement de nombreuses histoires de la vie de Haru. À la fin du livre, se trouvent deux pages intitulées « l’héritage se poursuit » dans lesquelles il retrace l’héritage de Haru dans la vie de ses 12 enfants. Tous ont désiré qu’il raconte ces histoires.

Il est très important de raconter ces histoires pour les générations qui suivent. Cela devient évident dans le chapitre intitulé « L’ultime prix » qui rapporte la tragédie qui a pris la vie de Delys, David, et Adrian Lemke, la femme et les fils d’Ernest Lemke, pionnier missionnaire dans la division Pacifique Sud. Dans ce livre, nous lisons cette histoire à partir de la perspective de Haru et Uvaipi, un autre missionnaire. Dans d’autres récits de cet événement tragique3, ceux qui faisaient partie de la mission de sauvetage sont présentés comme des enseignants et des travailleurs autochtones et leurs noms ne sont pas donnés. Ainsi, c’est dans ce livre que nous apprenons que Uvaipi a sauvé Lester, le plus jeune fils du pasteur Lemke et l’a ramené sur le rivage ; que Haru et Uvaipi étaient les ouvriers et les enseignants qui ont pagayé dans le canoë pendant deux jours pour amener le pasteur Lemke et Lester à la base de l’Australian Petroleum Company, le long de la rivière Omati.  Ce livre inscrit leurs noms dans les annales de l’histoire adventiste dans le Pacifique Sud et accomplit le vœu de l’auteur affirmant que « l’histoire de Haru en est une qui ne doit pas être oubliée » (p.vii).

Recommandation

Actuellement, Canoes, Crocodiles, and Christ : The Story of Haru Hariva figure au programme d’études de la neuvième année (3e du collège français). Dans la division Pacifique Sud, ces étudiants ont 15 ans. Ce livre conviendrait pour une lecture indépendante pour les élèves de la septième à la neuvième années. Pour les élèves de moins de 12 ans (septième année), il devrait être lu avec discussion et encadrement des enseignants ou des parents, étant donné les thèmes graves de ce livre.

Ce livre rappellera aux lecteurs les histoires des premières missions par le rappel des « rouleaux d’images » et de « tapis de conversation » (un terme utilisé pour le rouleau d’images), des messagers angéliques, et des puissants rêves donnant des messages venant de Dieu. Canoes, crocodiles, and Christ : The Story of Haru Hariva retrace l'aventure d'une époque révolue du travail missionnaire. L’écriture est claire et descriptive, et l’auteur réussit à raconter une belle histoire au moyen de dialogues riches. Le vocabulaire est simple et facile à lire même lorsque des thèmes sérieux comme la mort, l’engagement, le sacrifice, le surnaturel et le triomphe ultime du bien sur le mal sont abordés.

Globalement, ce livre est recommandé à quiconque s’intéresse à l’histoire adventiste, et au-delà de cela, à quiconque aime une bonne histoire vraie. Dans le reportage des expériences de Haru, tout au long du livre, le thème dominant – « la présence de Dieu ne nous épargne pas toujours des tragédies » (p. 141) –  est juxtaposé de manière transparente à la déclaration et l’assurance confiante de Haru que « Dieu est suffisant » (p.141). Voilà un message qui encouragera les lecteurs, même aujourd’hui.

Faith-Ann A. McGarrell

Faith-Ann A. McGarrell,Ph.D., est l’éditrice du Journal of Adventist Education®. On peut la joindre à [email protected].

Référence recommandée :

Faith-Ann A. McGarrell, Revue du livre Canoes, Crocodiles, and Christ : The Story of Haru Hariva, Revue d’éducation adventiste,

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. 1. Le puri puri désigne la sorcellerie ou la magie surnaturelle par les habitants des villages reculés de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
  2. 2. Ijeoma Oluo, “Whose Story Is It to Tell?” Behind the Book: The Ethics of Writing About Real People (2021): https://ijeomaoluo.substack.com/p/whose-story-is-it-to-tell.
  3. 3. Lester Lemke et Mel Lemke, “Lemke, Ernest Charles (1922-2008),” Encyclopedia of Seventh-day Adventists (2020): https://encyclopedia.adventist.org/article?id=E7Z2; éditeur, “A Fatal Accident in Papua: Missionary Wife and Two Children Drowned,” Australasian Record 57:4 (January 26, 1953): 4, 5: https://documents.adventistarchives.org/Periodicals/AAR/AAR19530126-V57-04.pdf.