Les étudiants adventistes grandissent dans un monde de plus en plus hostile aux croyances bibliques. Globalement, de nombreux jeunes adultes adventistes fréquentent une école ou une université publique, et les idéologies philosophiques directrices de ces institutions, bien que variant en fonction des cultures sociales et économiques dans un pays concerné, sont susceptibles d’être très différentes des perspectives adventistes traditionnelles. Les expériences religieuses et les niveaux d’engagement envers n’importe quelle religion particulière des étudiants diffèreront selon, entre autres variables, le degré d’engagement actif que leurs parents auront choisi pendant leurs années de formation1. De tels facteurs ont un impact sur la façon dont les étudiants fonctionnent et ils influencent leurs valeurs individuelles. Pourtant, peu importe l’orientation culturelle d’un pays ou ce qui se faisait dans le foyer des étudiants, les éducateurs adventistes et les professionnels de l’enseignement doivent préparer les étudiants à faire face à un mode séculier qui est toujours plus ouvertement hostile au christianisme. Nos écoles adventistes doivent aborder comment nous préparons les étudiants à affronter ce monde séculier une fois diplômés. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Cet article documente tout d’abord les profondeurs du problème puis il met en place quelques-unes des choses que les éducateurs adventistes peuvent faire pour y remédier.

Pression sociétale contre les croyances chrétiennes traditionnelles

Les transformations démographiques ont apporté des changements aux nations traditionnellement chrétiennes comme les États-Unis. Alors que la population nationale se diversifiait, particulièrement sur le plan de la religion, la demande de produire des espaces publics non sectaires s’est élevée au niveau des tribunaux. Les clauses constitutionnelles garantissant la liberté religieuse, la liberté d’expression et la liberté de parole ont freiné des pratiques telles que la prière en public ou l’affichage des dix Commandements dans les bâtiments gouvernementaux, et elles ont soutenu la liberté religieuse par la séparation de l’Église et l’État2. Comme l’explique DeJong, auparavant, « l’Église et l’État semblaient poursuivre les mêmes buts, s’en tenir aux mêmes valeurs et même (j’ose le dire) servir le même Seigneur »3. Cependant, il observe que « dans la seconde moitié du 20e siècle, nous avons vu un changement clair dans l’environnement américain » signalant qu’il s’éloignait des valeurs chrétiennes. Il suggère que nous ne pouvons plus compter sur la société pour inciter nos enfants à marcher sur le chemin du christianisme4. Ce mouvement vers le sécularisme et la croissance des religions non chrétiennes ne se limite pas aux États-Unis. D’autres sociétés (en Europe, en Asie et en Afrique) ont connu ou sont en train de connaître cette transformation culturelle qui a été accompagnée d’une augmentation de persécution religieuse.

Autrefois, si quelqu’un n’aimait pas ce qui se disait à un événement, il s’en allait. Aujourd’hui, il y a de fortes chances que quelqu’un cherche à l’interrompre ou à le perturber. Si une personnalité publique est surprise en train d’exprimer un point de vue qui n’est pas conforme aux idées de la compagnie ou de la société, elle risque d’être renvoyée : « On leur a dit très clairement : vous pouvez avoir vos opinions, mais elles ont intérêt à être les mêmes que les nôtres »5. Dans les nations occidentales, les points de vue plus libéraux semblent être acceptables mais non les plus conservateurs. Si cela est de la liberté religieuse, cela semble être plutôt une liberté en dehors de la religion, et non une liberté de conscience ou la liberté de pratiquer sa religion ouvertement. Les enfants américains grandissent dans un pays « chrétien » où ils risquent d’être plus en danger parce qu’ils croient en Dieu que s’ils en doutent. Était-ce accidentel que les tireurs de Colombine demandaient à leurs victimes si elles croyaient en Dieu puis d’appuyer sur la gâchette si elles répondaient « oui »6 ? Ou quand ceux qui assistaient à une étude biblique à la Emmanuel African Methodist Episcopal Church à Charleston en Caroline du Sud ont été assassinés par un agresseur qui est entré dans la réunion sous le prétexte qu’il avait besoin de prière7 ?

Des données plus dégrisantes sur la persécution religieuse nous viennent de la Voice of America, une agence gouvernementale de médias mondiaux. Elle nous rapporte que « depuis le milieu des années 2000, des fusillades de masse dans les églises, les temples, les synagogues et les mosquées sont devenus plus fréquentes et ont été perpétrées par des individus qui avaient une histoire de racisme, antisémitisme, antichristianisme et d’islamophobie ayant des liens avec groupes suprématistes blancs et néo-nazis »8. Le rapport continue en notant qu’en 1966-2000, 1 % des fusillades de masse a été jugé motivé par la haine religieuse ; de 2000-2024, 9 % ; et de 2018-2020, 17 %. Cette nation autrefois chrétienne devient rapidement non seulement non chrétienne mais qui plus est nettement inamicale envers les chrétiens, les juifs, les musulmans et de nombreux autres groupes. Et ces chiffres, de loin, ne se comparent pas aux niveaux de persécution religieuse globalement9.

Mais l’attaque la plus sournoise contre les croyances et valeurs chrétiennes peut nous venir du monde universitaire, depuis longtemps un bastion de la gauche. Richard Rorty est un extrémiste parmi les partisans de la gauche, mais son point de vue est le sien seulement. Voilà son explication des buts qu’il poursuit en tant que professeur d’université :

« Les parents fondamentalistes de nos étudiants fondamentalistes pensent que la totalité de l'establishment libéral américain est engagé dans une conspiration. Les parents n’ont pas tort… nous allons aller de l’avant pour essayer de vous discréditer aux yeux de vos enfants, pour essayer de dépouiller votre communauté religieuse fondamentaliste de sa dignité, pour essayer de faire passer votre point de vue pour une idiotie plutôt que pour un sujet de discussion. Nous ne sommes pas inclusivistes au point de tolérer une intolérance telle que la vôtre10. »

Ces paroles ne sont pas une discussion universitaire sur un point de vue. Elles sont une déclaration de guerre. Et cette approche est non seulement calculée et délibérée, elle est efficace et ses résultats sont dévastateurs : « Quand il s’agit de remodeler les valeurs, les universités libérales savent exactement ce qu’elles font. Et la réalité est qu’environ 4 étudiants sur 5 quittent leur foi chrétienne dès l’âge de 20 ans21. »

La réalité en chiffres

Ce portrait plutôt sinistre d’un monde de plus en plus séculier dans lequel les jeunes adultes grandissent n’est qu’une partie du tableau. Examinons maintenant les données. Comment ces changements ont-ils affecté la jeunesse ? Voilà les chiffres que nous avons :

83 % - étudiants américains qui fréquentent des universités séculaires12
71 % - Américains qui déclarent être chrétiens13
70 % - chrétiens déclarés qui quittent l’université avec peu ou pas de foi14
64-80 % - jeunes adultes élevés dans l’Église qui seront détachés de la religion à l’âge de 29 ans15
69 % - jeunes adultes qui ne reviendront jamais à l’Église s’ils l’abandonnent pendant une année ou plus16
60 % - jeunes adultes qui étaient spirituellement actifs à l’adolescence mais qui ne le sont plus17
33 % - jeunes adultes (18-29) qui sont présents à l’église hebdomadairement18
31 % - étudiants universitaires qui ne déclaraient aucune affiliation religieuse en 201619
23 % - chrétiens nés de nouveau qui acceptent Christ après leur 21e anniversaire 20
10 % - étudiants universitaires qui ne déclaraient aucune affiliation religieuse en 198621
<10 % - jeunes adultes qui assistent à un service religieux hebdomadairement autre que le service à l’église22

Nota bene : Ces statistiques proviennent de différentes sources et ont été recueillies à des moments différents, c’est pourquoi le total n’atteint pas 100 %. Toutes les études citées ont été réalisées aux États-Unis.

Ces chiffres montrent que le groupe « sans affiliation religieuse » a triplé récemment23. Par contre, nous voyons qu’un tiers des jeunes adultes fréquentent hebdomairement et un quart d’entre eux deviennent chrétiens une fois adultes. Les résultats montrent également que 70 % des étudiants chrétiens qui fréquentent une université séculière décideront, comme Rorty le demande instamment, d’abandonner leur foi. Cependant, il est important de noter que de nombreux jeunes adultes qui cessent de fréquenter leur église n’arrêtent pas parce qu’ils sont en désaccord avec ses croyances24. Seuls 10 % d’entre eux deviennent athées ou ne veulent plus être considérés comme des chrétiens. Certains se sentent jugés par les autres membres d’église alors que d’autres ne sont pas d’accord avec certaines croyances. Mais ce n’est pas le cas de la majorité25. Et, bien que quelques-uns de ceux qui délaissent la foi reviendront un jour, la majorité ne reviendra pas.

Que faire ?

Ainsi, face à cet exode, que peuvent faire les enseignants chrétiens ? Y a-t-il de bonnes nouvelles ou un rayon de lumière quelque part ? Heureusement, oui. Alors que le monde est devenu moins amical envers les valeurs et les comportements chrétiens, de nombreux individus et organisations ont commencé à étudier ce qui marche et à s’en occuper. Trois domaines ont prouvé qu’ils faisaient une différence dans la vie des jeunes chrétiens. Les éducateurs adventistes participent déjà dans le premier de ces domaines mais ils devraient se demander, dans la prière, s’ils pourraient faire plus.

1. Promouvoir l’éducation adventiste

Un des outils les plus efficaces pour maintenir la foi dans le monde actuel ne nous surprend pas : c’est de participer à l’éducation adventiste. Bien que plusieurs de ces études ne soient pas récentes, et bien qu’il faille faire plus de recherches, voilà ce que nous savons :

Lorsqu'on leur a posé la question, les élèves ont répondu que « le facteur le plus important qui les a aidés à développer leur foi » a été de fréquenter une école adventiste26. C’est aussi simple que cela, mais il y a plus. Les statistiques disent la même chose. « Il existe une relation cohérente et importante entre la fréquentation d’une école adventiste et la probabilité qu’un enfant ou un jeune se joindra à l’Église adventiste puis choisisse d’en rester membre27. » Dit simplement, il y a plus de gens ayant fréquenté une école adventiste enfants, qui restent dans l’Église une fois adultes. Les résultats d’une étude qui a suivi des jeunes adultes adventistes pendant 10 ans, sont remarquables : « Au bout de 10 ans, la probabilité de quitter l’Église adventiste était 3,9 fois plus grande pour ceux qui avaient fréquenté une école non adventiste que pour ceux qui avaient fréquenté des écoles adventistes du septième jour28. »

Jetons un autre regard sur ce phénomène : « 13 ans après l’obtention de leur diplôme, 37 % de ceux qui ont été diplômés des écoles secondaires publiques sont restés dans l’Église comparativement à 77 % qui ont été diplômés des académies adventistes »29. Le chiffre de 37 % s’aligne avec les rapports des autres communautés chrétiennes. Les 77 % qui restent est un score bien meilleur.

Bien sûr, il n’y a pas de garantie. Les écoles adventistes ne sont pas parfaites et elles ne
« feront pas » de tous leurs élèves des chrétiens. Les éducateurs adventistes croient déjà que nos enfants méritent la meilleure opportunité que nous pouvons leur donner de devenir des adultes qui ont une relation active et significative avec Jésus. La Bible nous rappelle que même des humains pécheurs ne donneraient pas une pierre à leurs enfants qui leur demandent du pain (Matthieu 7. 9-11). Ces données et résultats devraient être souvent partagés avec les parents dans les églises et les foyers, et, plus important encore, avec les acteurs concernés en général. Beaucoup de ceux qui n’ont pas d’enfants d’âge scolaire pourraient faire la promotion de l’éducation adventiste et soutenir financièrement, ou autrement, ceux qui en ont. Prêchez-le du haut de la chaire – avec des discours sur l’éducation, des exposés et des témoignages. Parlez-en pendant les visites à domicile avec les familles. Partagez activement et intentionnellement la connaissance que l’éducation adventiste fait une différence.

2. Préparer les jeunes à affronter le monde séculier

Amener les élèves à l’école est une bonne première étape, mais ce qui s’y passe alors qu’ils y sont est important. Rapidement, ils seront de plus en plus exposés à la société séculière et ils ont besoin d’être prêts.

La plupart des étudiants n’ont pas l’intention d’abandonner leur foi quand ils ont quitté la maison, mais beaucoup finissent par faire exactement cela30. Quitter le foyer est souvent suffisant pour faire la coupure avec la religion, et fréquenter une université ajoutera plus de pression encore car dès le jour 1 les croyances chrétiennes sont remises en question et même attaquées31. Les étudiants seront amis de nombreux non chrétiens, et avant qu’ils s’en rendent compte, ils pourront commencer à changer. Une femme qui a redécouvert sa foi plus tard dans la vie a expliqué comment cela lui est arrivé à l’université : « Au début, j’espérais partager ma foi avec mes amis mais ils m’ont plutôt communiqué leur indifférence spirituelle. Ils ont eu une subtile mais profonde influence sur mes priorités »32.

Cette pression en faveur de la sécularisation n’est pas nouvelle. Un auteur a expliqué que bien que les jeunes puissent « recevoir une certaine mesure d’instruction religieuse à la maison, éventuellement ils quittent le foyer et se lancent dans le monde. Certains vont travailler, d’autres vont à l’université. Ils rencontrent des tentations qu’ils n’ont pas connues auparavant et ils y cèdent. Avec l’alcool, leur vie peut devenir incontrôlable, et ils peuvent céder à l’indulgence sexuelle. À tout le moins, ils ne lisent jamais la Bible ou ils ne font aucun effort pour développer une vie spirituelle. La plupart ne cherchent même pas à profiter de la connaissance qui est à leur portée et de forger leurs croyances et convictions personnelles. Ils n’apprennent pas à penser33. »

Une telle situation peut ressembler à ce que beaucoup de jeunes chrétiens vivent aujourd’hui. La vérité est que ce texte a été écrit en 1797. Ce problème n’est pas nouveau, mais s’il y a lieu, elle s’aggrave. Nous devons trouver des moyens de donner à nos étudiants les outils nécessaires pour soutenir, défendre et fortifier leur foi. L’objectif prioritaire de l’éducation adventiste doit être d’équiper nos étudiants, et cela ne peut pas attendre jusqu’au secondaire ou plus tard. Par contre, il ne suffit pas d’équiper les étudiants. Nous devons aussi fournir aux parents des occasions d’apprendre quels sont les principes qui guident l’éducation adventiste au moyen de séminaires, d’événements extrascolaires après l’école, de publications et d’autres sources.

Le monde n’est pas un endroit amical pour les jeunes chrétiens. Les statistiques sont alarmantes, et les critiques des moqueurs sont tout aussi flagrantes : « Si quatre années d’université peuvent défaire 18 années d’influence parentale et d’affiliation religieuse, peut-être que l’emprise fragile de la communauté de foi est le problème, et non pas l’endroit particulier en dehors de cette bulle où cette emprise s’évapore »34. Cette déclaration peut susciter l’émoi, mais elle renvoie aussi à une vérité. Si nous ne pouvons pas préparer les jeunes à suivre Dieu pendant 18 années, ou si nous ne le faisons pas, peut-être que nous devons assumer une partie du problème. Nous n’avons pas préparé nos jeunes à nager contre le courant de la société, à répondre à des questions difficiles ou à s’épanouir spirituellement dans un monde séculier.

Bien qu’il semble que fréquenter une université séculière soit en partie le problème, cela n’est pas la cause de l’éloignement de l’Église. Il y a plein de jeunes qui ne vont pas à la fac qui quittent l’Église aussi. Disons-le simplement : le monde aujourd’hui n’est pas un environnement qui encourage la foi dans le christianisme. Et cela signifie que nous avons besoin de préparer nos jeunes différemment si nous voulons les garder.

Il arrive souvent que nous fassions les choix pour nos étudiants puis nous nous demandons pourquoi ils ne savent pas choisir pour eux-mêmes. Nous devons les aider à apprendre à faire de bons choix et leur permettre de pratiquer sous notre surveillance. Nous essayons de créer un monde sans occasions de pécher afin qu’ils ne soient pas tentés. Peut-être que nous devrions nous concentrer plus pour les aider à apprendre à résister à la tentation. Parfois, nous sommes tellement investis dans l’enseignement de la vérité à nos jeunes que nous manquons d’aborder leurs questions et leurs préoccupations.

Et si nous préparions activement nos jeunes pour le monde séculier alors qu’ils étudient dans nos écoles adventistes ? Et si nous parlions avec eux avant qu’ils ne partent afin de les aider à comprendre ce qui peut leur arriver là quant à la spiritualité, les tentations, et les gens bornés ou les activistes extrémistes qu’ils rencontreront assurément ? Et si nous leur donnions des idées tirées de nos propres vies sur comment voyager vers le nord dans un monde qui se déplace vers le sud ?

3. Soutenir les groupes d’entraide chrétiens dans les universités

L’aboutissement naturel de la préparation des jeunes au monde séculier est de rester en contact avec eux lorsqu’ils y arrivent. Cette approche n’a pas préoccupé les écoles et les enseignants adventistes, car nous avons investi notre énergie à essayer de garder nos élèves dans nos écoles. Mais qu’arrive-t-il après leur départ, quand leur système de soutien n’est plus ? Y a-t-il quand même quelque chose qui peut être fait ?

Étant donné que les universités sont des lieux où les jeunes chrétiens sont entraînés loin de leur foi, nous devons agir pour leur donner du soutien. Budziszewski affirme : « Il n’existe pas de chrétien solitaire. Si vous allez dans le monde seul, vous allez être avalés35. » De nombreux groupes chrétiens ont compris ce problème. Ils commencent à travailler ensemble afin d’atteindre activement les campus séculiers. Ils fournissent des communautés virtuelles et physiques qui établissent des contacts avant même que les étudiants ne quittent leur foyer36.

Les universités publiques ont une grande variété de groupes d’intérêt particuliers, et il y a des groupes chrétiens (Campus for Christ) qui travaillent sur les campus depuis des années. Ils permettent à ceux qui le désirent d’avoir une influence chrétienne et un environnement qui nourrit leur foi. Certains de ces groupes ont été remis en question et même rejetés des campus, mais globalement les chercheurs ont conclu que Dieu et la foi sont maintenant plus présents dans les écoles secondaires publiques que par le passé37. Au niveau universitaire, les groupes chrétiens aux États-Unis commencent à insister sur leurs droits constitutionnels de liberté d'association, liberté d'expression et égalité d'accès aux installations et aux ressources du campus. Il s’avère que l’idée de la séparation de l’Église et de l’État « exige la neutralité envers la religion ; cela ne requiert pas l’hostilité »38.

Les groupes d’entraide chrétiens sont un domaine sur lequel les adventistes doivent insister davantage particulièrement étant donné le fort pourcentage d’étudiants adventistes dans les universités séculières. Une organisation qui travaille à cela est Adventist Ministry to College and University Students (AMiCUS)39. Elle publie un journal (College and University Dialogue)40 qui cible les étudiants adventistes dans les universités non adventistes. Dans certaines parties du monde, il y a un accent et un impact marqués, dans d’autres parties du monde, ce ministère ne touche qu’un petit pourcentage d’étudiants adventistes dans les universités publiques.

Mais nul besoin n’est d’attendre que les administrateurs de l’Église fassent quelque chose. Y a-t-il une université près de chez vous ? Que pouvez-vous faire, en tant qu’éducateur adventiste, ou que peut faire votre église pour offrir un environnement sécurisant et amical pour les chercheurs religieux, adventistes ou non ? Y a-t-il des étudiants adventistes qui apprécieraient qu’on vienne les chercher pour les conduire à l’église ? Qu’on leur donne un repas chaud ? Un lieu pour passer le sabbat ? Un groupe d’étude de la Bible sur le campus ? Y a-t-il des étudiants diplômés de votre école que vous pouvez contacter et leur offrir un soutien ? Ce travail de proximité peut être mené à grande ou à petite échelle, mais faire quelque chose est certainement mieux que de ne rien faire.

La préparation pour quitter le foyer est importante. Mais le soutien est indispensable. Que se passerait-il si les écoles adventistes gardaient la communication ouverte avec les jeunes après qu’ils aient quitté l’école ? Les écoles pourraient leur trouver une famille amicale dans leur nouvelle église, leur envoyer des courriels pour rester en contact ou même leur envoyer des colis sur une base régulière. L’école pourrait même aider à trouver des gens dans l’église d’origine qui pourraient offrir de discuter des questions difficiles qu’un étudiant aura certainement à confronter à l’université et d’en parler avec ouverture d’esprit. Les possibilités sont aussi illimitées que les besoins mais tout commence avec des personnes prêtes à servir et se souciant suffisamment des jeunes pour développer une relation avec eux. Si nous nous désintéressons de la vie de nos jeunes quand ils ont le plus besoin de nos conseils, nous ne devrions pas être surpris qu’ils cherchent de l’aide ailleurs41.

Conclusion

En tant qu’éducateurs chrétiens, notre but est d’encourager les jeunes adultes afin qu’ils s’enracinent dans leur foi et qu’« ils apprennent à penser par eux-mêmes, à ne pas se contenter d’être le miroir de la pensée des autres »42. Non pas des esprits libéraux ou conservateurs bornés mais des chrétiens à l’esprit large qui comprennent la perspective séculière et qui n’ont pas peur de se lever pour la vérité telle que présentée dans la parole de Dieu – des adultes spirituellement résilients qui sont dans le monde mais qui n’ont pas absorbé son éthique.

Il n’est pas facile pour un jeune de grandir en chrétien aujourd’hui. Mais au lieu de se tordre les mains et de pleurer sur les succès du diable auprès de nos jeunes, pourquoi ne pas avertir le diable que chacun d’eux est un enfant de Dieu et qu’il ne sera pas envoyé sans préparation, laissé sans surveillance et sans protection ? Nous devons réfléchir aux choses que nous pouvons faire intentionnellement pour faire une différence chez les jeunes chrétiens que nous avons dans notre sphère d’influence. Un repas chaud. Un appel ou un message. Une conversation et une prière sur le trottoir. Une mission qui les aidera à grandir spirituellement. Ils ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls. Dieu n’est pas mort et la foi est encore pertinente. Qui sait ? Votre humble acte pourrait faire une différence pour l’éternité.

Cet article a été revu par des pairs.

Shawna Vyhmeister

Shawna Vyhmeister, Ph.D., est professeure d'éducation. Elle est une éducatrice expérimentée diplômée d'enseignement élémentaire, d'enseignement de l'anglais en tant que seconde langue, et de curriculum et d'enseignement. Mme Vyhmeister a enseigné à tous les niveaux et dans de nombreux pays : Rwanda, Argentine, États-Unis, Philippines, Kenya et Liban. Elle autrice et coautrice de plusieurs articles et ouvrages. Son projet le plus récent est le Manuel of Faith and Learning (Manuel d'intégration de la foi et de l'apprentissage), dont elle est la rédactrice en chef.

Référence recommandée :

Shawna Vyhmeister, Un appel à cultiver une foi résiliente dans l’éducation adventiste, Revue de l’éducation adventiste, n°64.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Daniel A. Cox, “Generation Z and the Future of Faith in America,” American Survey Center (2022): https://www.americansurveycenter.org/research/generation-z-future-of-faith/?gclid=EAIaIQobChMIpJnju6rI_QIV7DizAB0qdASKEAMYASAAEgIZWPD_BwE;% https://www.deseret.com/faith/2022/3/21/22981634/the-state-of-faith-american-religion-research-marist-poll;%20https://www.deseret.com/2022/4/23/23013578/perspective-young-adults-are-losing-their-religion-are-their-parents-to-blame-gen-z-generation-x.
  2. Hana M. Ryman et J. Mark Alcorn, “Establishment Clause (Separation of Church and State),” First Amendment Encyclopedia (2009): https://mtsu.edu/first-----amendment/article/885/establishment-clause-separation-of-church-andstate; %20 https://www.mtsu.edu/firstamendment/article/1518/prayer-in-public-schools
  3. Arthur DeJong, Reclaiming a Mission: New Direction for the Church-relatedCollege (Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 1990), 113, 114.
  4. Ibid., 114.
  5. Clay Travis, “On Curt Schilling,” Outkick the Coverage (1e mai 2016), Make No Mistake section, para. 9: https://www.outkick.com/on-curt-schilling-042116/.
  6. Roger Austin, I’d Like to Die, but I’ve Got Stuff to Do: Helpful Hints for Victorious Living (Pittsburgh, Penna.: Rose Dog Books, 2012), 39.
  7. Cette fusillade de masse a été considérée comme un crime de haine non seulement parce qu'elle a eu lieu dans une église, mais aussi parce que le tireur a avoué une idéologie raciste. Rebecca Hersher,“Jury Finds Dylan Roof Guilty in S. C. Church Shooting,” NPR (2016):https://www.npr.org/sections/thetwo-way/2016/12/15/505723552/jury-finds-dylann-roof-guilty-in-s-c-church-shooting; Debbie Elliott, “How a Shooting Changed Charleston’s Oldest Black Church,” NPR (2016):
    https://www.npr.org/sections/codeswitch/2016/06/08/481149042/how-a-shooting-changed-charlestons-oldest-black-church.
  8. Voice of America News, “VOA Special Report: House of Worship Shootings,” History of Mass Shootings (2021), https://projects.voanews.com/mass-shootings/english/locations/worship.html.
  9. Emily McFarlan Miller, “Christian Persecution Higher Than Ever as Open Doors’ World Watch List Marks 30 Years,” Religion News Service (2023): https://religionnews.com/2023/01/17/christian-persecution-higher-than-ever-as-open-doors-world-watch-list-marks-30-years/;Pew Research Center, “Harassment of Religious GroupsContinues to Be Reported in More Than 90% of Countries” (2020): https://www.pewresearch.org/religion/2020/11/10/harassment-of-religious-groups-continues-to-be-reported-in-more-than-90-of-countries/
  10. Richard Rorty, “Universality and Truth.” Dans Robert B. Brandom, éd., Rorty and His Critics (Oxford: Blackwell, 2000): 21, 22.
  11. Jeff Meyers, Newsletter, Passing the Baton 11:3 (9 mars 2010, para. 8): http://archive.constantcontact.com/fs009/1101822648727/archive/1103163229902.html.
  12. Il ne reste donc que 17 % des étudiants qui fréquentent des universités confessionnelles. Higher Education Research Institute, “The Spiritual Life of College Students,” n.d.: https://spirituality.ucla.edu/docs/reports/Spiritual_Life_College_Students_Full_Report.pdf.
  13. Pew Research Center, “Religious Landscape Study” Religion and Public Life(2015): https://www.pewforum.org/religious-landscape-study/.
  14. Michael Haverluck, “Ministries Tackle 70% Rate of College Students Leaving Faith,” NE News Now (13 août 2017): https://onenewsnow.com/church/2017/08/13/ministries-tackle-70-rate-of-college-students-leaving-faith.
  15. Ce chiffre varie selon les sources. Barna, “Church Dropouts Have Risen to 64 percent—But What About Those Who Stay?” Research Releases in Faith and Christianity (4 septembre 2019): https://www.barna.com/research/resilient-disciples/; Vaneetha Rendall Risner, “Will You Lose Your Faith in College?” Desiring God (23 août 2018): https://www.desiringgod.org/articles/will-you-lose-your-faith-in-college. Cette ressource fait référence à d'autres études de Barna qui estiment à 70 % le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur qui sont désengagés et à 80 % le nombre de jeunes adultes désengagés à l'âge de 29 ans.
  16. Aaron Earls, “Most Teenagers Drop Out of Church as Young Adults,” Lifeway (15 janvier 2019): https://lifewayresearch.com/2019/01/15/most-teenagers-drop-out-of-church-as-young-adults/.
  17. Barna, “Most Twentysomethings Put Christianity on the Shelf Following Spiritually Active Teen Years,” Research Releases in Millennials & Generations (11 septembre 2006): https://www.barna.com/research/most-twentysomethings-put-christianity-on-the-shelf-following-spiritually-active-teen-years/.
  18. Pew Research Center, “Religion Among the Millennials: A Portrait of Generation Next,” Lifelong Faith 4.2 (été 2010): 9-11: https://www.lifelongfaith.com/uploads/5/1/6/4/5164069/lifelong_faith_journal_4.2.pdf.
  19. Allen Downey, “College Freshmen Are Less Religious Than Ever,” Scientific American (25 mai 2017): https://blogs.scientificamerican.com/observations/college-freshmen-are-less-religious-than-ever/.
  20. Barna, “Evangelism Is Most Effective Among Kids,” Research Releases in Family and Kids (October 11, 2004): https://www.barna.com/research/evangelism-is-most-effective-among-kids/.
  21. Downey, “College Freshmen Are Less Religious Than Ever.”
  22. Christian Smith et Patricia Snell, Souls in Transition: The Religious and Spiritual Lives of Emerging Adults (New York: Oxford University Press, 2009).
  23. Pew Research Center, “‘Nones’ on the Rise” (2012): https://www.pewresearch.org/religion/2012/10/09/nones-on-the-rise/; Daniel A. Cox,“Generation Z and the Future of Faith in America,” American Survey Center.
  24. Pew Research Center, “Young Adults Around the World Are Less Religious by Several Measures” (2018): https://www.pewresearch.org/religion/2018/06/13/young-adults-around-the-world-are-less-religious-by-several-measures/.
  25. Earls, “Most Teenagers Drop Out of Church as Young Adults.”
  26. John Wesley Taylor V, “Joining and Remaining: A Look at the Data on the Role of Adventist Education,” The Journal of Adventist Education 79:3 (avril-juin 2017): 41: https://circle.adventistlearningcommunity.com/files/jae/en/jae201779033910.pdf. Note: les études citées ici ont été réalisées avant la pandémie mondiale, dont l'impact est encore à l'étude.
  27. Ibid., 39.
  28. Ibid., 42.
  29. Ibid., 42.
  30. Des études montrent que pour de nombreux étudiants, la rupture avec la religion intervient bien avant qu'ils ne quittent le domicile familial. Voir J. Budziszewski, How to Stay Christian in College (Colorado Springs,Colo.: NavPress, 2014), 15; Daniel A. Cox, “Generation Z and the Future of Faith in America,” American Survey Center.
  31. Jennifer Graham, “Young Adults Are Losing Their Religion. Are Their Parents to Blame?” (2022): https://www.deseret.com/2022/4/23/23013578/perspective-young-adults-are-losing-their-religion-are-their-parents-to-blame-gen-z-generation-x.
  32. Risner, “Will You Lose Your Faith in College?” For Freshman and Seniors section, para. 2: https://www.desiringgod.org/articles/will-you-lose-your-faith-in-college.
  33. William Wilberforce (Révisé et mis à date par Bob Beltz), Real Christianity (Ventura, Calif.: Regal, 1797/2006), 188:
  34. Downey, “College Freshmen Are Less Religious Than Ever.”
  35. Budziszewski, How to Stay Christian in College, 24.
  36. Haverluck, “Ministries Tackle 70% Rate of College Students Leaving Faith.”
  37. Lee Lawrence, “School Prayer: 50 Years After the Ban, God and Faith More Present Than Ever,” The Christian Science Monitor (16 juin 2013). Récupéré à partir de https://www.csmonitor.com/The-Culture/Family/2013/0616/School-prayer-50-years-after-the-ban-God-and-faith-more-present-than-ever
  38. Joe Carter, “Know Your Rights as a Christian in a Public College” The Gospel Coalition (1 octobre 2015), “Equal Access” section, paragraph 2. https://www.thegospelcoalition.org/article/know-your-rights-as-a-christian-in-a-public-college/.
  39. AMiCUS (Adventist Ministry to College and University Students): https://www.adventist.education/amicus/.
  40. College and University Dialogue: https://dialogue.adventist.org/home.
  41. En 2006, l'université Walla Walla (anciennement Walla Walla College) a lancé "WWC Beyond", une initiative visant à aider les diplômés à nouer des relations avec les communautés ecclésiales locales. Ce réseau comprenait d'anciens étudiants de  WWC désireux d'aider les jeunes diplômés à s'installer dans leur communauté. Voir https://nwadventists.com/news/2006/08/moving-beyond-wwc-new-program-connects-graduates-church. Les fédérations adventistes et les églises locales pourraient également travailler ensemble pour créer des moyens de renforcer les liens avec les diplômés des lycées adventistes qui fréquentent les universités publiques.
  42. Ellen G. White, True Education (Nampa, Idaho: Pacific Press, 2000), 12.